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L'ORGANISATION DU TRAVAIL


ET L'IMPÔT.




Le jour où la monarchie s’abîmait, frappée de terreur et comme paralysée dans ses moyens de résistance, sans provoquer un effort de la part de cette classe bourgeoise dont elle avait fait son point d’appui, et sous la rude main d’une multitude qui n’avait qu’à se présenter pour vaincre ; dans l’émotion qui suivit le combat, au milieu de cette population soulevée qui cherchait à organiser sa victoire, les chefs que la voix publique improvisait semblent avoir éprouvé, dans leur dévouement, moins d’enthousiasme encore que de crainte. Ils n’ont pas senti en eux cette sublime confiance qui fait passer l’ame de la nation dans l’ame de ceux qui la conduisent. Ils ont cru apparemment qu’aucune puissance humaine n’était capable de diriger la force immense qu’ils voyaient déchaînée, car ils se sont abandonnés à tous les mouvemens du flot populaire. Sans l’héroïque, mais accidentelle fermeté, avec laquelle M. de Lamartine, à travers les balles et sous la pointe des baïonnettes, protesta contre le drapeau rouge, ce flot, qui débordait d’heure en heure, allait les emporter, et avec eux les derniers débris de l’ordre.

A l’exemple des tribus sauvages qui, dans leur naïve ignorance, adorent les élémens qu’elles voudraient conjurer, certains membres du gouvernement provisoire ont traité le peuple comme une idole à laquelle il fallait sacrifier, entre autres holocaustes, les bases fondamentales