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avec moi, et une bouche qui vous est bien chère vous dira que vous pouvez partir quand vous voudrez, et que vous serez le bienvenu au retour, si votre mort ne laisse pas un cœur inconsolable.

Le Jarocho se leva vivement et suivit la vieille femme. Une heure après, il était de retour. Il savait que les vœux les plus fervens allaient l’accompagner dans sa périlleuse entreprise, et son front était rayonnant.

— Il est néanmoins bien dur de quitter Sacramenta, ajouta-t-il ; mais je n’ai plus de prétexte pour différer mon départ, et nous nous mettrons en route demain matin.

— Soit ; mais quelle route comptez-vous prendre ? Savez-vous où s’est réfugié celui que nous allons poursuivre ?

— Nous suivrons la grève ; la vieille Josefa m’assure que le pilote Ventura pourra me mettre sur la bonne voie : c’est à Boca-del-Rio, sur la plage, que nous le rencontrerons.

Le nom de Ventura, prononcé par Calros, me fournissait un prétexte que ma curiosité saisit aussitôt : je demandai à mon hôte s’il connaissait ce Ventura et surtout ce Julian, dont la conduite chevaleresque m’avait singulièrement intéressé ; mais je n’obtins que des réponses vagues qui m’affermirent dans mon dessein d’accompagner Calros à Boca-del-Rio, où j’espérais retrouver les deux amis.

Le lendemain matin, nous sellions nos chevaux avant le jour, et aux premières lueurs de l’aube nous quittions le village encore enseveli sous la brume matinale.


GABRIEL FERRY.