avaient alimenté autre chose que de l’oisiveté, des illusions et des vices. Pendant les dix dernières années de cette période, la caisse d’épargne de Lyon avait reçu 2,057,823 fr. et en avait remboursé 788,538 ; l’économie moyenne avait été par année de 126,928 fr. L’abondance des mises à la loterie constatait assurément la disponibilité de fonds considérables, et, si les sommes englouties dans ce jeu immoral avaient été placées à la caisse d’épargne, la population eût été dans un tout autre état.
Tout éloignés que sont aujourd’hui ces faits, ils sont bons à rappeler, parce qu’ils ramènent au vrai, que des ambitieux et des illuminés d’une nouvelle espèce cherchent à faire perdre de vue. Il y aurait aujourd’hui une autre enquête à faire sur l’industrie de Lyon : à défaut d’une loterie royale à stigmatiser, elle apprendrait aux ouvriers, aux fabricans, à l’administration elle-même de rudes vérités ; elle ne flatterait personne, profiterait à tous, et conduirait probablement à montrer dans la réforme des mœurs plutôt que dans l’organisation du travail le salut de l’industrie et le bien des ouvriers. Malheureusement cette vérité n’est pas assez attrayante pour qu’on se presse beaucoup de la mettre en relief.
Si cette espèce d’enquête pouvait s’ouvrir dans la Revue, il serait aisé d’y réunir une multitude de faits particuliers prouvant par l’uniformité de leurs caractères et la variété de leurs détails que, si imparfait qu’on se plaise à supposer l’état actuel de l’industrie, il offre aux ouvriers, partout où les circonstances locales, la discipline et les mœurs éloignent d’eux le désordre, des conditions de bonheur et de progrès. Ils contracteront, par la pratique des institutions républicaines, des sentimens et des habitudes de religion, de devoir, d’ordre, de consolidation de leurs droits par le respect de ceux d’autrui : ils placeront ainsi en eux-mêmes des bases solides et pour leur bonheur à venir et pour leur concours à la grandeur de la nation ; mais c’est à l’administration d’accélérer ce mouvement par les mesures économiques qu’il n’appartient qu’à elle de prendre.
Toutes les vues des adeptes de bonne foi de l’école socialiste seraient difficiles à défendre, à plus forte raison celles des faux interprètes de ses doctrines qui veulent marcher, par la violence ou de honteux artifices législatifs, à la spoliation et au vol ; mais il y a certainement beaucoup à tirer de l’ordre d’idées à l’apanage exclusif desquelles cette école aurait tort de prétendre, et, bien loin de chercher à lui fermer la bouche, on devrait lui demander de montrer enfin au monde, après les paroles, des œuvres. Les paysans qui donnent, dans les fruitières du Jura, la solution la plus élégante et la plus complète des difficultés du passage de la culture romaine à la culture alterne et confèrent à la