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en jour plus étroite, mettant les souverains de l’Italie constitutionnelle, forts du concours de leurs peuples, en présence de l’absolutisme autrichien, miné en Lombardie et réduit à ses deux satellites de Modène et de Parme : — telle était la situation au commencement de cette année. La liberté avait peu à peu resserré le blocus dans lequel devait étouffer l’Autriche, à moins que cette puissance ne se décidât à prendre l’offensive ; mais les mêmes influences diplomatiques qui avaient, au nom de la paix générale, contenu l’impatience et les provocations des italiens, retardaient aussi de tous leurs efforts une prise d’armes de l’Autriche. De quelque côté que vint l’agression, c’était toujours la guerre européenne. Ce système de temporisation a donc été aussi un bien pour l’Italie, en lui permettant de préparer et de condenser ses forces. Nous venons d’indiquer sommairement par quels progrès successifs l’Italie en était venue à pouvoir enfin compter sur elle-même et tenir tête à l’Autriche. Chaque incident de cette période de quatre années dévoile une tendance tous les jours plus marquée, la tendance à l’unité. Réformes communes, constitutions semblables, tout marche au même but final, l’assimilation des diverses parties de la péninsule et l’affranchissement du sol, que s’était avant tout proposé l’école libérale. Il nous reste à examiner quelles sont les conditions nouvelles que l’état présent de l’Europe et le soulèvement de la Lombardie font aujourd’hui à la cause italienne, quels moyens les grands événemens qui viennent de s’accomplir lui fournissent pour organiser cette unité matérielle, et si cette cause n’est pas exposée à rencontrer dans son propre sein des obstacles et des ennemis plus dangereux que l’Autriche.


II

La révolution de Milan, l’insurrection de la Lombardie, l’Italie entière se levant pour courir à la guerre sainte, ont fourni un admirable spectacle à faire battre des mains toute l’Europe. Dans les premières nouvelles venues de Paris, les Italiens avaient vu le signal si long-temps espéré dont parlait M. d’Azeglio. La proclamation de la république, c’était la rupture de l’alliance entre la France et l’Autriche ; les traités de Vienne étaient déchirés. « Aujourd’hui ou jamais, s’écriait la Patria de Florence, les temps sont venus. » La presse de Rome, de Gênes, de Turin, répétait à l’unisson le mot d’ordre. Cependant l’agitation, étouffée deux mois auparavant dans les massacres, renaissait à Milan et se propageait en Lombardie ; le maréchal Radetzky faisait proclamer la loi martiale ; ses ordres du jour d’un style sauvage frappaient les communes d’une contribution de guerre, et les proscriptions, reprenant leur cours, avaient porté l’exaspération à son comble, lorsqu’on apprit le contre-coup qu’avait eu à Vienne la révolution française. Le gouverneur de Milan, espérant encore conjurer l’orage, fit afficher, le 18 mars, un avis annonçant que sa majesté impériale avait pris la résolution d’abolir la censure, de publier bientôt une loi sur la presse et de convoquer au plus tard le 3 juillet prochain la congrégation centrale du royaume lombardo-vénitien. Le 3 juillet ! là encore comme toujours il était trop tard. Déjà les places publiques