M. Triqueti est à la fois artiste et archéologue ; il s’est inspiré, dans ces compositions, du souvenir du magnifique pavé de la cathédrale de Sienne. Ces grandes mosaïques murales, dont on avait songé à décorer les parois de la crypte du tombeau de l’empereur Napoléon, trouveront une application plus heureuse dans des constructions plus vastes et où la lumière pénétrera plus abondamment. Nous distinguerons encore, parmi les œuvres de la statuaire religieuse, le Laissez venir à moi les petits enfans, de M. Pascal. L’exécution n’est pas très forte, mais le naturel et la naïveté de cette composition rachètent bien des défauts. Pie IX vient après les Christ et les Vierges. Dix statuaires se sont disputé l’honneur de reproduire les traits du pontife réformateur. Le meilleur de ces portraits est celui de M. Émile Thomas, à qui le saint-père a donné séance. La tête de Pie IX exprime la bonté et l’amour-propre satisfait, plutôt que cette intelligence vive et aventureuse que ses actes font supposer.
Nous ne devons pas terminer cet examen des sculptures sans mentionner les bustes de MM. Duret, Dantan aîné et Dantan jeune, et les travaux de M. Jaley, d’une nature très variée. La statuette en bronze d’une Bacchante, de cet artiste, paraît froide et guindée auprès de la vendangeuse de M. Clesinger ; elle offre néanmoins de charmans détails d’exécution. Son groupe en plâtre de l’Amour maternel est un des bons morceaux de l’exposition. Nous ne doutons pas que le ciseau ne donne au marbre une souplesse que le plâtre ne pouvait présenter. Ce modèle nous promet donc un beau groupe. Nous en dirons autant de l’Heure de la nuit, de M. Pollet, qui glisse silencieuse et endormie et ne paraît pas toucher au sol. Cette figure, qui rappelle d’une manière bien éloignée la Nuit de Thorwaldsen, est jetée avec beaucoup de délicatesse et de grace. Nous craignons toutefois que M. Pollet, en voulant donner de la légèreté à sa figure, ne l’ait faite un peu grêle. Signalons encore l’Innocence, de M. Suc, exécutée avec talent, mais qu’on doit critiquer comme n’étant que la reproduction d’un sujet déjà traité bien des fois ; l’Enfant jouant avec une fronde, de M. Toulmouche ; l’Horace enfant, de M. Renoir ; les groupes de MM. Coinchon et Chenillon ; les bustes de MM. Ottin, Ramus et Vilain, et la Bacchante, de M. Schoenewerk. Cette dernière figure est traitée dans le goût antique, et la disposition de la chevelure est dérobée à un buste que nous avons vu quelque part. M. Schoenewerk voudrait-il être le Gérôme de la statuaire ? MM. Mène, Emmanuel Fremiet, Rouillard, Demay, M. Isidore Bonheur et Mlle Rosa Bonheur ont exposé des animaux ou groupés ou isolés, qui témoignent que cette branche de l’art est en progrès pour tout ce qui a trait à la reproduction exacte de la nature, mais qui n’ont rien de ce caractère en quelque sorte monumental que M. Barye sait imprimer à des compositions du même genre.