Page:Revue des Deux Mondes - 1848 - tome 22.djvu/67

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

comptoir d’escompte par arrondissement et un sous-comptoir par canton, le tout fortement lié ensemble et avec la Banque de France, le système serait complet.

Le premier avantage d’une pareille organisation, c’est qu’on pourrait confier à cette association la perception des revenus publics et réaliser ainsi une immense économie sur les frais de cette perception, qui est aujourd’hui fort coûteuse. Les receveurs-généraux, les receveurs particuliers et une partie des percepteurs pourraient être supprimés, ou, pour mieux dire, ils seraient placés à la tête des banques, des comptoirs et des sous-comptoirs. Seulement la plus grande portion des bénéfices que ces fonctionnaires font aujourd’hui sur le maniement des deniers publics profiteraient partie à l’état, partie aux intérêts privés. Une organisation de ce genre fonctionne déjà soit en Angleterre, soit en Amérique, et l’expérience n’a révélé que des avantages. La seconde conséquence, et ce ne serait pas la moins heureuse, serait l’établissement pour toute la France d’un papier-monnaie unique. À l’heure qu’il est, on voit plus que jamais les inconvéniens des billets de banque actuels, qui n’ont cours que dans le département où ils ont été émis, et qui créent ainsi, dans les temps difficiles, un obstacle à la circulation au lieu de lui donner une facilité. Avec une seule espèce de billets de banque pour toute la France, ces inconvéniens ne se produiraient plus. L’état, qui seul aurait le droit d’émettre ces billets, les distribuerait à toutes les banques au prorata de leurs besoins et de leur capital ; on aurait ainsi des garanties suffisantes contre une émission excessive, et on aurait en même temps une occasion d’augmenter notablement la somme de billets en circulation, car il y aurait bien évidemment à pourvoir à des besoins nouveaux.

En résumé, tel pourrait être, à mon avis, le premier budget de la république : 1, 300 millions de recettes demandées uniquement à l’impôt, point d’augmentation d’impôt, point d’emprunt, réduction ou suppression des taxes indirectes, qui nuisent le plus directement à la production ou à la consommation ; 1, 300 millions de dépenses, réduction de 200 millions sur l’ancien budget de l’armée et de la marine, suppression de l’amortissement, liquidation de la dette flottante, 50 millions de dépenses de plus pour les travaux publics et les encouragemens à l’agriculture, 20 millions de plus pour favoriser la propagation de bons établissemens de secours mutuels parmi les ouvriers, 30 millions de plus pour la diffusion des moyens de crédit ; enfin un terme moyen entre les idées de l’école libérale et celles de l’école socialiste, et, comme principe générateur de la société nouvelle, un effort permanent pour porter par toutes les voies la richesse et l’activité dans les campagnes, c’est-à-dire sur toute la surface du sol.