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LES


PRISONS DE LA FRANCE


SOUS


LE GOUVERNEMENT REPUBLICAIN.




Pour quiconque se préoccupe des grands intérêts de son pays et ne craint pas de livrer son opinion à la publicité, c’est le moment d’écrire. Les sujets abondent, et la situation est nouvelle. O navis, referent in mare te,novi fluctus ! pourrait-on dire avec Horace à la république. En effet, depuis l’ouragan qui a tout bouleversé, nous voguons, un peu au hasard, sur une mer inconnue et orageuse ; nos pilotes ont laissé suspecter leur habileté, et voici que, dans les parages où ils nous ont conduits, les écueils apparaissent de tous côtés à ceux qui prennent la peine de regarder à l’horizon. Qui les voit doit les signaler. Eût-on la certitude de n’être point écouté, c’est le devoir de chacun, à la vue des brisans, de pousser son cri d’alarme. Ou mieux, pour couper court à toute métaphore et aborder vivement la question qui nous occupe aujourd’hui, c’est le devoir de quiconque a étudié quelque peu les différens systèmes pénitentiaires de signaler les tristes conséquences du décret qui a suspendu le travail dans les prisons, et que le gouvernement provisoire n’a rendu peut-être que pour complaire à quelque imprudente députation.

Il faut le dire pourtant et le dire bien haut, la suspension du travail dans les prisons, que l’on vient de décréter, c’est la brusque et désolante