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DES TRAVAILLEURS


DANS NOS GRANDES VILLES.




Dans l’exposé général des questions à discuter pour fonder l’organisation du travail, M. Louis Blanc paraît avoir compris que les merveilles de l’association dans l’industrie manufacturière ne pourraient suffire à créer l’abondance pour les masses, alors surtout que celles-ci travailleraient une ou deux heures de moins. Il a tourné ses regards vers les champs, non pour s’occuper des 20 millions d’ouvriers qui les exploitent si péniblement, et avec de si légers salaires, comparés à ceux des villes, mais pour y faire refluer le trop plein des cités. Il propose à cet effet la création de colonies agricoles dans chaque département ; les associations seraient soumises à peu près au régime économique du phalanstère. Il y aurait entre elles solidarité ; elles seraient sous la surveillance de l’état, qui fournirait le capital nécessaire à l’installation.

Je m’éloignerais de mon sujet en examinant tout ce qu’il y a de difficultés, pour ne pas dire d’impossibilités, dans l’application d’idées pareilles ; il n’est pas un détail de ce système qui ne soit hérissé d’obstacles, et, pour n’en citer qu’un, je dirai que l’agriculture, la vie des champs, ne sauraient s’accommoder d’un vaste bâtiment divisé en autant d’appartemens séparés qu’il y aurait de familles. Il faut que chaque ménage ait de la volaille, des cochons, des brebis, une ou deux vaches à lait. Il faut donc une basse-cour pour chacun, des étables et des volaillères.