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Page:Revue des Deux Mondes - 1848 - tome 23.djvu/25

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bonne, une seule, c’était l’avantage de la vie en commun. La complication de misères amenée par la mauvaise récolte de 1846 et par la désastreuse inondation qui suivit fit établir, pendant l’hiver, des ateliers de secours sur diverses routes du département de la Loire : ces ateliers n’étaient pas dirigés par un socialiste, régénérant le monde avec sa plume, mais par un socialiste pratique, M. Boulangé, aujourd’hui ingénieur en chef du Bas-Rhin. Il résolut de nourrir les ouvriers comme les soldats, avec de bon pain, de la viande, et, grâce à l’économie du ménage commun, ils vécurent beaucoup mieux et à meilleur marché qu’isolés. Une meilleure exécution des travaux, un bien-être passager, ont été les moindres résultats de cette mesure : la véritable utilité de cette expérience a consisté dans les idées nouvelles qu’elle a semées parmi ceux qui l’ont faite. Il ne paraît pas que, dans le nombreux et savant état-major des ateliers de Paris, il se soit trouvé personne pour conseiller d’en faire autant.

Avant d’indiquer succinctement quelques-uns des moyens de dissoudre de si malfaisantes associations, il n’est pas inutile de dire encore un mot des ateliers nationaux de Paris. A la différence de ceux de Lyon, de Rouen et d’une multitude d’autres villes, qui ne ruinent qu’elles et les réduisent, par l’impossibilité de pourvoir aux dépenses municipales, à la misère, à l’insalubrité et au désordre des villes du moyen-âge, ils sont à la charge du trésor public et en tirent 180,000 fr. par jour. Le système suivi aura bientôt élargi cette plaie ; 50,000 autres ouvriers demandent la solde, on va voir pourquoi nous ne disons pas l’entrée des ateliers. En attendant mieux, ils coûtent, sur le pied actuel, un peu plus que tout le personnel administratif et militaire de la marine[1], absorbent presque le produit brut de la taxe

  1. En voici le détail d’après le budget de 1848 :
    Chap. I. — Administration centrale, déduction faite des colonies 803,810 fr.
    III. — Officiers militaires et civils 7,614,857
    IV. — Maistrance et gardiennage 1,767,821
    V. — Solde dés équipages et des troupes (49,277 hommes) 29,864,020
    VI. — Hôpitaux 1,738,240
    VII. — Vivres 11,959,640
    VIII. — Justice maritime 91,710
    IX, — Salaires d’ouvriers 10,300,000,
    XIII. — École navale, 103,400
    XVII. — Dépenses diverses 641,900
    XVIII. — Dépenses temporaires 100,000
    XIX. — Sciences et arts maritimes 481,960
    Totaux 65,466,864 fr.