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le traité de 4824, qui a réglé les différends entre la Hollande et l’Angleterre. La tranquillité relative dont ont joui les Indes néerlandaises à dater de cette époque a permis de régulariser les rapports établis entre la métropole coloniale et les gouvernemens séparés ou résidences de son ressort direct. Les circonscriptions administratives ont été déterminées par des considérations particulières, et n’ont pas respecté l’unité géographique des pays qu’elles embrassent. Ainsi une moitié de la grande Célèbes est placée administrativement sous la dépendance du gouvernement des Moluques ; l’autre moitié est le siège du gouvernement de Mangkassar, dont l’autorité s’étend aux îles Salayer et jusqu’à Sumbawa, fort éloignée dans le sud, puisqu’elle fait partie intégrante du groupe, parallèle à l’équateur, dont Java est la tête.

Les gouvernemens et résidences qui ressortissent directement au gouvernement suprême de Java sont, en allant de l’est à l’ouest : le gouvernement de la côte ouest de Sumatra, la résidence de Palembang, la résidence des Lampongs, la résidence de Rhiow, la résidence de Banka, le gouvernement de Bornéo (création nouvelle), le gouvernement de Mangkassar (Célèbes), le gouvernement des Moluques, la résidence de Timor.

Si nous cherchons maintenant à déterminer la population de ces divers gouvernemens qui, réunis à Java, forment l’ensemble des Indes néerlandaises, nous trouvons à


Sumatra 1,582,000 ames.
Dans la résidence de Rhiow 30,000
Dans celle de Banka avec ses dépendances, Billiton, etc 43,000
Dans le gouvernement de Bornéo et ses dépendances 520,000
Dans le gouvernement de Mangkassar 1,775,000
Dans le gouvernement des Moluques 717,000
Dans la résidence de Timor, avec ses dépendances, Sumba, Samao, etc 1,009,000
TOTAL 5,676,000
Ajoutons à ce chiffre total la population de Java et de ses dépendances immédiates, environ 10,500,000
Et nous arrivons, pour la population de toutes les Indes néerlandaises, au chiffre de 16,176,000 ames[1].
  1. Ce résultat est inférieur aux supputations généralement admises dans ces derniers temps. Nous avons cependant toute raison de croire que ce chiffre d’un peu plus de 16 millions est très voisin de la vérité. Les moyens de recensement sont très imparfaits sans doute hors de Java ; mais si le chiffre de 5,676,000 adopté pour les établissemens du dehors s’écarte de la réalité, ce doit être en excès plutôt qu’en moins. Partout ailleurs qu’à Java et Madura, la domination hollandaise est encore imparfaitement établie, ou bien la culture et le commerce ne se sont pas assez développés pour favoriser l’accroissement de la population, et il est permis de croire que les gouverneurs et résidens ont plutôt exagéré que diminué, sous ce rapport, l’importance des établissemens confiés à leur administration. Il parait qu’un nouveau recensement de la population a eu lieu à Java en 1846. Le gouvernement colonial avait rassemblé en 1836-37 les élémens d’une statistique complète des Indes néerlandaises ; mais ce travail ne représente déjà plus que d’une manière très incomplète le véritable état des choses. Une circulaire du cabinet du gouverneur-général, sous la date du 1er mai 1837 (circulaire que nous avons eue sous les yeux), prescrivait de remplir le cadre indiqué, pour cette statistique, dès 1821, par le baron Van der Capellen. Elle recommandait de joindre, autant que possible, au travail sur chaque résidence une carte de cette résidence. Cette dernière condition n’a été que très imparfaitement remplie. Il est à remarquer en outre qu’on ne trouve dans le Staats-Blad (bulletin des lois et ordonnances coloniales) aucune trace de cette mesure, ce qui indique que les résultats obtenus n’étaient pas, dans la pensée du gouvernement, destinés à la publicité. Les statistiques ainsi demandées furent envoyées, pour la plupart, dans le courant de l’année 1838, et les faits statistiques constatés s’arrêtent, en général, à la fin de 1836. Notre travail repose sur des données beaucoup plus récentes, et, principalement pour Java et les îles voisines, sur les renseignemens que nous avons recueillis aux Indes néerlandaises dans le cours des années 1844 et 1845. Nous avons également fait usage des données qui nous ont été communiquées sur le recensement de la population de Java en 1846. Nous croyons donc être arrivé à un résultat aussi voisin de la vérité qu’il soit possible de l’espérer en pareille matière et pour un pays encore imparfaitement connu des Hollandais eux-mêmes.