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commission sur la situation géographique et politique de Bornéo permettent au gouvernement d’arrêter la division territoriale de ladite île ;

« Le gouverneur-général, d’un commun accord avec le conseil des Indes, a décidé la réunion, sous un seul pouvoir administratif, de ces diverses parties de Bornéo. »

Suit l’indication précise des circonscriptions administratives et l’énumération détaillée des royaumes, provinces, districts, îles, etc., placés dans la dépendance directe ou sous le protectorat du gouvernement néerlandais. Cette liste formidable ne contient pas moins de deux à trois cents noms de pays, montagnes et rivières, dont les deux tiers au moins sont complètement inconnus de nos géographes. Elle vaudrait la peine d’être étudiée[1] à cause des données nouvelles que fournit pour l’orographie de Bornéo, pour la détermination de ses cours d’eau et de ses bassins principaux, l’indication minutieuse des limites des diverses provinces ; mais elle nous intéresse ici à un autre point de vue, et la précision affectée de cette orgueilleuse nomenclature a un but politique que la conclusion de l’arrêté du gouverneur-général met en évidence. Cet arrêté se termine ainsi :

« Toutes les autorités et tous les employés établis dans l’île de Bornéo sont chargés, sous leur responsabilité, de veiller à ce que les droits de souveraineté de l’état sur les pays et districts, dans le rayon de leur résidence, soient respectés, et que les documens, contrats et traités sur lesquels ces droits sont basés soient pris en considération et observés. »

En voyant le gouvernement néerlandais se préoccuper de l’organisation politique et administrative de ses établissemens à Bornéo et de la consolidation de son influence, à titre de suzeraineté, sur la plupart des principautés indigènes de cette grande île, on ne peut méconnaître le motif immédiat de cette préoccupation un peu tardive. La Hollande se croyait autorisée à revendiquer, en vertu du traité de 1824, la domination incontestée de l’archipel oriental. Les premières tentatives des Anglais pour former des établissemens sur divers points de Bornéo n’avaient éveillé qu’à demi l’attention du gouvernement hollandais ; mais la prise de possession de l’île Laboean et de la petite province de Sarawak, sur le territoire même de Bornéo, en vertu de cessions

  1. Elle l’a été tout dernièrement et avec fruit par l’un des officiers les plus distingués de la marine néerlandaise, M. Melvill de Carnbee, le savant éditeur d’un recueil périodique que nous voudrions voir entre les mains de toutes les personnes qui s’occupent de l’avenir des établissemens européens au-delà des mers. Le recueil dont nous parlons, et que nous avons consulté plus d’une fois dans le cours de nos recherches, est le Moniteur des Indes orientales et occidentales, publié par livraisons mensuelles, à La Haye, chez Belinfante frères. Le n° 3 du troisième volume de ce recueil contient une carte de Bornéo que nous regardons comme l’expression non-seulement la plus récente, mais la plus exacte et la plus complète des notions géographiques réunies jusqu’à ce jour sur cette île immense. Le n° 7 nous offre une carte non moins remarquable de l’île de Célèbes.