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celles qui, au sud des Moluques, relient Java à Timor et à la Nouvelle-Guinée, la souveraineté ou au moins la suzeraineté de la Néerlande est généralement établie ou incontestée. Sur un point seulement, à Bali, Java, loin de voir son protectorat accueilli avec faveur, est réduite à l’imposer par la force. On avait pu croire que la résistance de Bali avait été complétement vaincue il y a un an. De nouveaux traités avaient été signés par les princes indigènes. Ces chefs s’engageaient à soutenir le gouvernement néerlandais dans ses efforts pour la suppression de la piraterie, à ne céder aucune de leurs provinces à d’autres nations européennes, à ne traiter avec aucune de ces puissances sans le consentement formel de ce gouvernement, etc. Ces résultats d’une expédition bien combinée, en 1846, ont été promptement compromis par la mauvaise foi des princes balinais et les tendances violentes de la population, dont ils subissent l’influence. De nouvelles infractions du droit des gens ont amené d’énergiques représentations du gouverneur-général ; mais ces représentations n’ayant pu arracher les réparations exigées, le gouvernement colonial a dû recourir de nouveau à la force. On a eu le tort, cette fois, de dédaigner un ennemi qui avait déjà donné la mesure sinon de sa science militaire, au moins de son intrépidité et de ses forces numériques. Une expédition matériellement insuffisante de tout point et jugée telle à son départ s’est approchée de la capitale du radjah de Bleling ; elle a été forcée, après des luttes meurtrières, de se replier sur son point de débarquement[1]. C’est un échec sérieux, et qu’il faut se hâter de réparer.

Si le traité de 1824 a régularisé l’état politique des Indes néerlandaises, d’autres mesures importantes ont assuré, nous l’avons dit, leur tranquillité intérieure, leur prospérité commerciale. Nous n’avons voulu ici que montrer la politique coloniale de la Hollande aux prises avec des difficultés diplomatiques, et le traité de 1824 avec l’Angleterre a dû spécialement nous occuper. Il fixe les limites dans lesquelles le gouvernement de Java peut se consacrer désormais à l’exercice de sa noble mission, et l’affranchissement du port de Mangkassar a prouvé que, sans dépasser ces limites, la Hollande était en état de prendre sa revanche des coups que l’Angleterre voudrait porter à son commerce. La Hollande, comme puissance coloniale, a trop bien mérité d’ailleurs de la civilisation pour qu’on ne souhaite pas de la voir grandir et se fortifier dans cette lutte pacifique. Ici, comme aux Indes anglaises, c’est l’influence européenne qu’il s’agit non-seulement d’imposer aux populations, mais de concilier avec les habitudes locales et de faire pénétrer

  1. La retraite s’est opérée, il est vrai, dans le plus grand ordre. Les pertes du corps expéditionnaire, qui a lutté pendant deux jours contre des forces numériquement très supérieures, ont été de quatorze officiers européens et de deux cent cinquante sous-officiers ou soldats (tant européens qu’indigènes) tués ou blessés.