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lumière dans la formidable accumulation des matériaux qui intéressent les publicistes. Son but n’a pas été d’ajouter une monographie complète à ces traités de bibliographie spéciale qui, à force d’être détaillés et volumineux, sont inabordables à la foule des acheteurs, et s’adressent moins aux hommes de pratique qu’aux savans dont ils chatouillent la curiosité. M. Delapeyrie a fait beaucoup mieux, un livre utile, d’après une classification intelligente, avec des notes instructives malgré leur sobriété, avec des tables d’auteurs et de matières qui facilitent les recherches et provoquent l’étude. L’indication des documens officiels que les bibliographes ordinaires ne mentionnent pas, parce qu’ils n’entrent pas dans le commerce, est surtout précieuse. Une Bibliographie administrative, exécutée dans un aussi bon ordre, n’a pas la sécheresse d’un catalogue vulgaire. Le simple intitulé des livres classés méthodiquement a une certaine signification historique : c’est comme un programme des intérêts positifs pour lesquels les peuples se sont passionnés depuis un siècle : on y assiste, pour ainsi dire, à l’éclosion des théories qui ont renouvelé notre société ; on s’oriente pour l’avenir au rayonnement des idées qui ont éclairé le passé. Ce genre d’intérêt contribuera autant au succès de la Bibliographie administrative que l’utilité pratique et le mérite incontestable de l’à-propos.


— L’attention publique a été souvent appelée sur les ressources admirables qu’offre le delta du Rhône à l’agriculture. L’auteur d’un mémoire récemment publié et adressé à l’assemblée nationale[1] propose une série de travaux dont le résultat serait d’améliorer, au point de vue de l’agriculture et de la salubrité publique, les vastes terrains compris entre les deux bras du Rhône depuis Arles jusqu’à son embouchure. Le delta du Rhône est, en outre, un champ d’application merveilleusement disposé pour l’exécution d’un ensemble de travaux hydrauliques intimement liés les uns aux autres, tels que l’ouverture d’un vaste port à l’embouchure du Rhône et la mise en rapport immédiate de la navigation maritime avec la navigation à vapeur de ce fleuve. Enfin, et c’est ce qui donne à l’ouvrage de M. Peut une valeur d’opportunité considérable, il offre l’emploi immédiat et assuré pour long-temps de plus de quinze mille travailleurs. Ces considérations sont faites pour recommander à l’intérêt de tous les esprits sérieux ce mémoire, rempli du reste de détails intéressans et d’observations curieuses, notamment en ce qui concerne la culture du riz dans les marais salés de la Camargue.


V. de Mars.
  1. Le Delta du Rhône, par M. Hippolyte Peut. — Paris, 1848.