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grande partie de l’assemblée n’entend pas l’orateur qui parle de la tribune. À quelle cause faut-il attribuer ce fait si fâcheux ? N’est-ce pas à l’ignorance, ou du moins à la connaissance très incomplète des lois de l’acoustique ? Si l’architecte chargé de construire la salle nouvelle eût possédé à cet égard des notions positives ; si, au lieu de consulter une commission spéciale, qui a pu émettre un avis excellent en lui-même, mais stérile ou insuffisant, parce qu’elle n’a pas été appelée à surveiller l’exécution de ses idées, l’architecte eût été capable par lui-même de déterminer les rapports qui existent entre la propagation du son et la forme du vaisseau où il se produit ; si, outre ces premiers rapports, il eût connu d’une façon précise toutes les variations que subit la propagation du son selon la nature des matériaux employés, la salle nouvelle répondrait parfaitement à sa destination. Démontrer l’utilité, l’importance de la physique et de la chimie dans l’architecture, serait démontrer l’évidence, et je ne veux pas insister plus long-temps sur ce point. Chacun sait, en effet, que la connaissance complète de la coupe des pierres et de la statique ne suffit pas pour bâtir un monument durable, et que plus d’une construction élevée à grands frais d’après toutes les lois mathématiques a donné lieu à de cruels mécomptes, parce que l’architecte n’avait pas su apprécier la qualité des matériaux. Quant à la chaire de droit dont je parlais tout à l’heure, il n’est pas difficile de prouver à quel point elle serait avantageuse pour les élèves et pour le public. Cet enseignement, présenté avec clarté, avec méthode, préviendrait bien des procès, et je ne vois pas trop qui pourrait s’en plaindre. Avant d’élever une muraille, de percer une fenêtre, l’architecte ne serait plus obligé d’interroger un homme de loi, et, plus libre dans son action, achèverait son œuvre en moins de temps. On ne verrait plus naître des contestations si faciles à prévenir. La chaire de comptabilité spéciale n’a pas besoin d’être défendue. Il y a deux hommes dans l’architecte, l’artiste et l’administrateur. Or, pour administrer, il faut posséder sur la comptabilité des notions positives ; c’est pourquoi je demande la création d’une chaire destinée à cet enseignement.

La peinture et la statuaire proprement dites ne comptent pas à l’école de Paris un seul professeur. Les leçons données par les sculpteurs et les peintres sont des leçons de dessin, et rien de plus. Je reconnais très volontiers que la connaissance du dessin est la base de la peinture et de la statuaire ; mais le dessin n’est pas à lui seul toute la peinture, toute la statuaire, et je ne comprends pas comment une école destinée à former des sculpteurs, des peintres et des architectes, n’offre pas aux élèves un seul professeur de peinture et de statuaire. Les jeunes gens qui cultivent l’une de ces deux branches de l’art sont obligés de choisir un professeur hors de l’école, ou du moins, s’ils le trouvent