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pour les Danois. Attaqués en dernier lieu par l’artillerie allemande au moment où ils se retiraient, ils eussent réussi à la séparer de l’armée ennemie, sans la précipitation de l’un des détachemens chargés de prendre en flanc les assaillans.

Après ce combat du 28 mai, qui concourait avec l’ordre intimé au général Wrangel d’évacuer le Jutland, la lutte prit un caractère nouveau ; elle devint beaucoup plus diplomatique que militaire, ou du moins la marche des deux armées fut de ce moment dominée par les négociations ouvertes pour la pacification du pays. Le général Hedemann reçut, dans ces conjonctures, l’ordre de se tenir, autant qu’il serait possible, dans une attitude d’observation. Le général Wrangel avait dû recevoir du gouvernement prussien les mêmes recommandations. Cependant plusieurs combats ont encore eu lieu depuis cet effort de la diplomatie pour substituer les débats pacifiques au jugement de l’épée. C’est ainsi que, le 5 juin, les Danois furent l’objet d’une surprise qui faillit leur être funeste. Les Allemands devaient célébrer ce jour-là la fête du roi de Hanovre par une grande revue ; ils en profitèrent pour tomber à l’improviste sur les Danois, qui furent cernés et repoussés dans leurs retranchemens, mais qui reprirent ensuite de l’élan et ressaisirent leurs positions. Enfin, à une époque plus récente, le 28 et le 29 juin, quelques escarmouches non moins inattendues que le combat précédent ont été engagées dans le nord du Schleswig par les troupes allemandes, qui ont gagné de ce côté-là un terrain favorable.

Ainsi, après la bataille de Schleswig et l’invasion du Jutland, la question s’est modifiée. Depuis le 29 juin, elle a été exclusivement diplomatique ; les deux armées, entièrement inactives, sont restées dans une attitude de simple observation : les Allemands étaient répandus sur divers points du Schleswig, les Danois dans la partie orientale du duché en face de l’île d’Als et au nord du côté du Jutland. Ce n’est pas que le général Wrangel n’ait joué un rôle décisif dans tous les événemens qui se sont accomplis depuis les derniers coups de canon échangés. Instrument de la pensée de Francfort, quoique nommé par la Prusse, il a dominé l’action de son propre gouvernement. Les agens diplomatiques de la Prusse signaient des arrangemens, le cabinet les ratifiait, le général refusait de les mettre à exécution. Il a commencé par entraver les négociations ouvertes successivement ou simultanément à Londres, à Malmöe, à Berlin et à Francfort, et on l’a vu, quand elles étaient arrivées à leur terme avec la solennité voulue et la propre consécration de la Prusse, les repousser comme non avenues, remettant ainsi tout en question. Pour ramener l’Allemagne à des dispositions pacifiques, il a fallu que la défaveur universelle de l’opinion européenne vînt avertir l’assemblée de Francfort ; il a fallu que la Prusse,