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du gouvernement, qui assistent avec humeur à cet apaisement d’une longue querelle, à cette reprise des rapports naturels avec les grandes cours du Nord, conçoivent d’étranges soupçons. A eux qui prétendent au monopole du sentiment national, il ne leur vient pas à l’esprit que la France occupe dans le monde une place telle qu’il est difficile de la tenir long-temps à l’écart, qu’il vaut la peine de lui faire des sacrifices, loin de lui en prescrire. Non, ils préfèrent imputer gratuitement, à des ministres qu’ils détestent, de timides pensées, de lâches complaisances, plutôt la trahison. Si, par hasard, ils lisent jamais ces pages, à peine en croiront-ils leurs yeux. Quoi ! les choses se sont passées ainsi, et pas autrement ! Quoi ! ceux qui représentaient le gouvernement de juillet parlaient ainsi, écrivaient ainsi, agissaient ainsi en 1840 et 1841 ! Quoi ! ils avaient en mains de telles pièces, et ces pièces, ils ne les ont pas produites pour se justifier et pour nous confondre ! Eh ! mon Dieu, oui ; il y a des personnes ainsi faites, ayant l’ame assez haute pour s’en remettre facilement à l’avenir du soin de les venger de certaines injustices. Ces documens, qui vous étonnent, étaient même destinés à rester long-temps encore ensevelis dans de muets cartons ; mais, vous le savez, un jour est venu où la demeure royale, l’enceinte de nos assemblées législatives et les archives de nos administrations ont été envahies et violées toutes à la fois par la multitude. Ces furieux, vos amis, qui, dans une heure de colère, jetaient aux vents de nos carrefours les dépêches de nos ministres, les lettres de nos ambassadeurs, ne se doutaient guère qu’ils travaillaient à la réhabilitation du régime qu’ils voulaient insulter. Le public leur devra cependant de mieux connaître la politique que vous avez tant décriée dix-huit ans durant, sans doute parce que vous étiez aussi incapables de la comprendre alors que depuis vous avez été impuissans à la reproduire.


O. D'HAUSSONVILLE.