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le 27 juin, mais celles qu’elles tiennent au 26 août. Il est vrai aussi que le Lauenbourg ne rentrera point dans le statu quo ante bellum, mais qu’il sera administré par une commission de trois membres, nommés l’un par le roi de Danemark, l’autre par le roi de Prusse, le troisième d’un commun accord, avec le titre de président. Le principe des indemnités réciproques est conservé. Quant à l’administration du Schleswig et du Holstein, les termes du premier armistice sont légèrement modifiés. La commission des cinq membres doit administrer au nom du roi de Danemark, en sa qualité de duc de Schleswig et de Holstein et avec la même autorité, moins le pouvoir législatif, dont l’exercice est suspendu pendant la durée de l’armistice. Toutes les lois, ordonnances et mesures administratives émanées du gouvernement insurrectionnel seront abrogées ; la nouvelle administration pourra cependant remettre en vigueur telle de ces mesures dont le maintien lui paraîtrait indispensable ou utile pour la marche régulière des affaires courantes, à la condition qu’elles ne contiendront rien qui engage l’avenir. Les deux duchés auront des troupes nationales, mais distinctes pour chacun, comme la nationalité elle-même. Deux commissaires, l’un Danois, l’autre Allemand, veilleront officieusement au maintien impartial des lois dans l’intérêt des populations danoises comme dans celui des populations allemandes. Les conditions de la paix restent d’ailleurs à poser ultérieurement. Les puissances contractantes ne renoncent nullement aux avantages ni aux droits que, chacune pour son compte, elles ont essayé de défendre ou de conquérir.

Voilà donc par quelles vicissitudes la négociation a dû passer pour aboutir à une simple suspension d’hostilités qui laisse en litige la question tout entière. Encore le pouvoir qui représente la confédération germanique, et au nom duquel la Prusse a traité, prétendait-il rejeter l’œuvre des plénipotentiaires de cette puissance. La majorité l’avait décidé après de violentes critiques des conditions d’un armistice cependant favorable, et dans lequel elle n’eût pas été éloignée de voir une trahison. Elle en repoussait l’un après l’autre tous les articles. Elle trouvait étrange qu’après avoir attendu trois mois une suspension d’hostilités, le Danemark, incapable de se défendre avec avantage par mer pendant la saison des glaces, eût obtenu que la durée de l’armistice fût de sept mois. Il semblait à cette majorité que la nationalité allemande était livrée sans défense au roi de Danemark, parce que le gouvernement insurrectionnel et les corps francs des duchés n’avaient point été maintenus, et que la question de la nationalité du Schleswig se trouvait réservée par la distinction entre les troupes du Schleswig et du Holstein. Cependant le Danemark admettait l’unité administrative des duchés pour tout le temps de l’armistice, et partageait en quelque sorte avec la Prusse l’administration et le gouvernement de deux provinces, dont l’une au moins