à réfuter ces doctrines subversives, dont nous avons, été tous menacés, se montrent des écrits d’un mérite supérieur par leur originalité. À ce titre, signalons un petit volume de M. Franck, membre de l’Académie des Sciences morales et politiques, le Communisme jugé par l’Histoire. Voici la thèse que M. Franck s’est proposé d’établir par le témoignage des annales du genre humain. La communauté, qu’on a représentée à des hommes abusés comme un moyen d’élever leur condition, a toujours eu pour terme corrélatif l’asservissement, et, pour parler la langue des novateurs, l’exploitation du grand nombre. Par contre, le droit de propriété, à mesure qu’il s’est défini et fortifié ; a répandu et affermi la liberté. Donc la communauté est l’ennemie du grand nombre, et le droit de propriété est la garantie de l’affranchissement des masses populaires.
La question ainsi posée, il fallait étudier la législation des grands peuples qui se sont succédé sur la terre pour y rechercher la part qu’ils faisaient à la communauté des biens ou à la propriété individuelle, et mesurer les degrés correspondant de despotisme ou de liberté. Voilà ce que M. Franck a trouvé le moyen de faire en moins de quatre-vingts petites pages. Il passe en revue les lois de Manou qui régissent l’Inde les lois de la société égyptienne, les lois de Sparte. Chez ces peuples, il trouve le communisme à des degrés divers ; chez tous aussi, il rencontre l’esclavage ou l’abaissement du grand nombre, et plus il y a de communauté, plus l’asservissement est profond. Dans cette Sparte qu’on a trop vantée, le communisme était, à beaucoup d’égards, la loi, fondamentale de l’état. Les Spartiates étaient individuellement propriétaires chacun de leur champ, d’un champ égal pour tous ; mais la consommation des revenu était en commun. C’est le peuple le plus communiste qui ait jamais existé. Vêtemens, nourriture, plaisirs, occupations, tout est soumis à l’uniformité ou à la jouissance en commun. Les enfans élevés en commun appartiennent à l’état. C’est lui qui dès la naissance les condamne ou leur permet de vivre, selon les services qu’on juge qu’ils pourront rendre un jour, selon qu’il trouve son intérêt à les conserver ou à s’en défaire. À la communauté des enfans, il s’enjoint facultativement au moins une autre que je ne nommerai pas. Chez cette nation communiste, qu’est-ce qu’il y a de liberté ? Rien ; tout est gêne et contrainte. Les populations laborieuses y sont-elles heureuses, protégées ? Non ; leur lot est le plus brutal, le plus impitoyable des esclavages. Nulle part l’humanité n’a subi de plus violens outrages, nulle part l’esclave n’a été traité avec tant de barbarie ; c’est justement que le nom des Ilotes est resté pour exprimer l’asservissement le plus atroce.
Dans les institutions de Moïse, qui, en beaucoup de points, étaient fort en avant de la législation de tous les peuples contemporains, le communisme avait pris place par l’année jubilaire, qui, tous les cinquante ans, restituait les biens aux premiers possesseurs ou à leurs descendans. Le propriétaire était ainsi changé en usufruitier. Qu’en résultait-il ? Chacun était attaché, pour ainsi dire ; à la glèbe de son patrimoine. Il était impossible de prendre une autre profession que l’agriculture ; le commerce, les sciences, les arts, à l’exception de la musique et de la poésie religieuse, restèrent étrangers à cette nation intelligente et active, et, pour qu’elle eût occasion de révéler la souplesse et la fécondité de son génie, il fallut que les événemens l’eussent dispersée. De là une double conclusion : le communisme ne s’est jamais impunément introduit à