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qu’une partie des Grisons, ayant été séparée de la Suisse, a été façonnée à l’image des vallées de Bergame, de Brescia et de Lecco ; c’est ainsi que l’Illyrie vénitienne s’est vue rattachée au Tyrol autrichien, et a aujourd’hui Trieste pour chef-lieu. Je pourrais rappeler bien d’autres faits, mais je me bornerai à citer ici l’exemple de ces vallées qui avaient appartenu de toute antiquité aux provinces italiennes limitrophes, et qu’on essaya de confondre avec le Tyrol. L’Autriche fut bien près de voir avorter ses projets, et Trieste même fut à plusieurs reprises sur le point de s’associer au mouvement italien.

Quoi qu’il en soit, le cri de vive la nationalité italienne ! avait trouvé de l’écho dans les vallées qui entourent la ville de Trente et se prolongent derrière les montagnes qui bornent les lacs d’Idro, de Garda et d’Iseo, jusqu’au Stelvio. La nouvelle de l’insurrection lombarde détermina un soulèvement qui commença dans la vallée de Condino, derrière le lac de Garda, et s’étendit sur la gauche jusqu’au Stelvio, sur la droite jusque sous les murs de Trente même. Les vicissitudes de cette révolution, à laquelle des glaciers servent d’arène, et dont les héros sont des chefs de guérillas, méritent d’être racontées en détail ; mais d’abord un mot encore sur le pays qui a été le théâtre de ces événemens, et dont la structure naturelle a été pour beaucoup dans les péripéties de la guerre.

Le Tyrol est comme un petit monde enfermé dans la chaîne des Alpes. Coupé en deux par une ligne de montagnes, la partie italienne du Tyrol incline à travers mille pentes insensibles vers la plaine lombarde où méridionale, tandis que la partie allemande se prolonge, au nord par une pente encore moins sensible et va rejoindre les montagnes de la Styrie et de la Gorice. C’est du Tyrol italien seulement que j’ai à parler.

Bergame et Brescia, ces villes de la Lombardie, sont situées à mi-côte des riantes collines qui forment le premier échelon de la chaîne des Alpes tyroliennes. Ces collines, qui atteignent l’extrémité sud du lac de Garda, tournent brusquement vers le nord, en longeant le lac, et prennent de moment en moment des proportions plus imposantes. Le rivage oriental du lac est également bordé de montagnes élevées. Ces montagnes se prolongent au-delà du lac, qui finit à Peschiera, et, se retirant un peu plus en arrière de la ligne parallèle au lac, elles passent derrière la ville de Vérone, se rapprochent de Vicence, et, non loin de Padoue, remontent vers le nord-est, en traçant, avec la ligne qu’elles ont suivie depuis le lac de Garda, les deux côtés d’un angle obtus. C’est derrière cette espèce de paravent que s’étend le Tyrol italien et sa capitale la ville de Trente. La largeur de ce pays, depuis les territoires de Bergame et de Brescia jusqu’à ses frontières du côté de Trente, peut être de vingt-cinq lieues. Trente s’élève sur l’Adige et à peu de distance