ganiser sur des bases nouvelles l’armée des volontaires. L’organisation de cette armée ne laissait rien à désirer cependant. Rien n’avait été oublié dans la constitution des divers régimens pas plus que dans celle des états-majors. Ce qui manquait, c’était la discipline, et, pour discipliner cette armée, fallait-il donc la rappeler à Brescia ? La rude école de la guerre ne valait-elle pas, pour atteindre ce but, les loisirs d’une garnison ? Le public se posa toutes ces questions, et il en conclut que la mesure prise par le gouvernement provisoire avait moins des motifs militaires que des motifs politiques. On se souvint des manifestations républicaines de plusieurs vallées du Tyrol, on reprocha au gouvernement provisoire, instrument de la cour de Turin, d’abandonner ces malheureux montagnards, tout simplement parce qu’ils n’avaient pas été élevés dans le respect des fictions et des libertés constitutionnelles. Ceux qui formulaient si vivement leurs reproches allaient peut-être trop loin. Le gouvernement provisoire avait été, dans tout cela, plus léger que coupable. La conduite du général Allemandi lui inspirait quelques doutes, et il pensa qu’une réorganisation du corps des volontaires lui permettrait de déplacer ce chef sans trop de bruit. Il était d’ailleurs très préoccupé de sa situation financière, et la comptabilité des corps francs lui paraissait à ce point de vue exiger un complet remaniement. L’administration de la guerre ne se faisait pas faute des plus honteuses dilapidations, et, tandis que les volontaires, comme les troupes, étaient laissés dans le plus affreux dénûment, des sommes énormes figuraient chaque jour au budget de la guerre sous cette rubrique : « Dépenses des corps francs. » Il fallait obtenir à tout prix des économies dans un service si coûteux. Ce fut à de telles considérations que l’indépendance du Tyrol et la sécurité des frontières italiennes furent sacrifiées. Les volontaires qu’on ramenait à Brescia, sous prétexte de les discipliner, donnaient l’exemple d’un profond respect pour la discipline, car ils obéirent sans résistance aux injonctions du gouvernement provisoire. Il est si vrai, d’ailleurs, que leur organisation ne demandait aucune réforme, que, quinze jours après leur départ pour Brescia, ils rentrèrent en campagne avec les mêmes officiers. Seulement le général Allemandi avait été remplacé par le frère du général Durando. Avant toutefois de reprendre les armes, ils durent résister à de vives instances qu’on leur fit pour entrer dans des corps privilégiés qu’on promettait de former. On espérait ainsi dissoudre une armée que le roi Charles-Albert voyait depuis long-temps d’assez mauvais œil. Presque tous les volontaires refusèrent obstinément d’échanger contre le service des troupes régulières la vie de partisan à laquelle Ils étaient habitués. On leur déclara alors qu’on n’accepterait plus de volontaires, s’ils ne consentaient à servir jusqu’à la fin de la guerre. Ils s’engagèrent sur-le-champ à ne déposer les armes qu’après l’expulsion
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