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Le Sacramento reçoit plusieurs affluens qui descendent des montagnes à l’est et forment autant de petites vallées très fertiles et très pittoresques. C’est sur ce fleuve et ses principaux affluens, le Saint-Jean, le Cosménès, la Fourche Américaine et la rivière des Plumes, que les anciens colons espagnols et les nouveaux émigrans américains s’établissent et cultivent avec le plus de succès. Les voyageurs assurent que la vallée de Sacramento et celle de Saint-Jean sont les deux plus riches parties de la Haute-Californie, la dernière surtout ; le froment, le maïs, le seigle, l’avoine, y mûrissent facilement, ainsi que tous les fruits des régions tempérées et même tropicales. Ces vallées abondent aussi en magnifiques prairies très propres pour l’élève du gros bétail. Le territoire qui environne la baie de San-Francisco, et s’étend au nord sur une largeur de sept à neuf lieues et une longueur d’une trentaine de lieues, est le véritable jardin de la Californie. Cependant la culture y souffre parfois de la sécheresse excessive qui désole le reste de cette contrée pendant plusieurs mois de l’été.

La province de San-Francisco, pour être la plus riche et la plus fertile de la Californie, n’est pas la seule qui doive être citée. Celle de Monterey, moins importante aujourd’hui, était la principale du temps de la domination espagnole, parce que Monterey jouissait du privilège d’être le siége du gouvernement. Aujourd’hui Monterey est abandonné, et les deux autres provinces de Santa-Barbara et de San-Diego, dont la dernière touche la Basse-Californie, perdent chaque jour de leur importance, à mesure que la colonisation américaine remplace la colonisation espagnole. Les quatre provinces que nous venons de nommer étaient les chefs-lieux de quatre presidios ou centres de gouvernement sous les rois d’Espagne. Cependant, dès cette époque, l’autorité se concentrait effectivement, si ce n’est nominalement, entre les mains des missionnaires franciscains ; leur ministère leur donnait un grand pouvoir sur ces peuples, à qui ils avaient apporté les bienfaits de la civilisation ; ils étaient les véritables maîtres de ces contrées lointaines.

Quand les provinces espagnoles de l’Amérique du Nord secouèrent le joug de la mère-patrie, la Californie fut abandonnée à elle-même, et n’eut plus de gouvernement que celui des missions, qui, au nombre de vingt-deux, régnaient sur la côte depuis San-Diego jusqu’à San-Francisco. Dès-lors on put prévoir que ce pays, négligé par ses anciens maîtres, deviendrait la proie de la première nation assez hardie pour s’en emparer. La Russie, l’Angleterre et les États-Unis pouvaient prétendre à la possession de ces côtes, dont la richesse était encore inconnue ; la plus jeune comme la plus aventureuse de ces trois nations en est aujourd’hui maîtresse.

L’Europe a, depuis des siècles, adopté comme signe d’échange, comme