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Page:Revue des Deux Mondes - 1849 - tome 1.djvu/485

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aujourd’hui même exploitées, soit sur l’existence d’autres districts miniers dans les prolongemens des vallées du Sacramento et du San-Joaquim. Enfin quels nouveaux résultats pourrait amener la découverte même du minerai d’or au sein des montagnes de la Sierra-Nevada ou des Monts Californiens qui donnent naissance aux fleuves dont le lit est aujourd’hui exploité ?

Avec des données aussi peu précises, est-il possible de fixer une valeur positive à la production annuelle de l’or en Californie ? Le tenter serait s’exposer gratuitement à être démenti par les faits. Cependant on a avancé des chiffres sans vouloir en accepter la responsabilité, et uniquement afin d’avoir une évaluation sur laquelle nous puissions baser notre raisonnement dans l’examen de la question économique que nous avons posée plus haut, nous admettrons qu’une valeur de 120 millions en or représente l’exportation future par année des nouvelles mines ; ce chiffre toutefois nous paraît extrêmement exagéré, même en admettant que l’émigration se développe sur une grande échelle et que l’abondance du métal ne soit pas moindre qu’on le fait pressentir.

Pour juger de l’influence que cette production annuelle aura sur la valeur de l’or, tâchons maintenant d’établir approximativement à quelle somme existant aujourd’hui dans le monde ce nouveau produit viendra s’ajouter. De tous les calculs statistiques celui que nous entreprenons ici est sans doute un des plus difficiles et des plus incertains, parce qu’il ne peut reposer que sur des appréciations assez vagues, et qu’il s’appuie rarement sur des faits incontestables. Cherchons d’abord à quelle somme on peut fixer la valeur des métaux précieux existant avant la découverte du Nouveau-Monde ; puis, nous établirons, d’après les statistiques fournies par M. de Humboldt, quelle a été la production des mines du Nouveau-Monde jusqu’au commencement du XIXe siècle ; enfin nous déterminerons quelle a été la valeur de la production des métaux précieux depuis le commencement de ce siècle. Nous aurons ensuite à apprécier quelle somme il faudra déduire pour l’usure et la perte de métaux précieux pendant ces trois siècles et demi.

La somme d’or et d’argent existant dans l’ancien monde avant la découverte de l’Amérique, soit sous forme de monnaie, soit sous toute autre forme, a dû être considérable. M. Jacob évalue à 900 millions environ le montant de la monnaie alors en circulation. Peut-être ne serait-ce pas exagérer que de porter à 3 milliards et demi la valeur totale des métaux précieux à cette époque, soit comme monnaie, soit comme objets de luxe, et de supposer que l’or y entrait pour environ 800 millions.

La quantité relative de l’or et de l’argent a beaucoup varié. À ce sujet,