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En Europe, moins la Russie 5 millions
En Sibérie 100
En Asie, moins la Sibérie 10
En Afrique 10
Dans l’Amérique septentrionale 5
Dans l’Amérique méridionale 30
Total 160

Si nous supposons que, pendant les quarante premières années de ce siècle, la production ait été sur le pied de 70 millions par an, et, pendant les huit dernières, sur le pied de 160 millions, il en résulterait que la valeur de l’or mis sur le marché depuis une cinquantaine d’années serait d’environ 4 milliards et demi. En résumé, l’addition des résultat indiqués précédemment donnerait une somme totale de 12 milliards comme représentant, aussi approximativement que possible, la quantité d’or qui devrait exister aujourd’hui dans le monde civilisé, s’il ne fallait pas faire une large part à la perte et à l’usure dans les métaux précieux. Quelle doit être cette part ? C’est ce que nous ne chercherons pas à déterminer, et nous ne pensons pas qu’il soit possible d’obtenir à cet égard une solution qui offre quelque chance de probabilité. Contentons-nous de rapprocher ce chiffre du chiffre de 120 millions que nous avons admis comme pouvant représenter la production annuelle des nouvelles mines de Californie. La comparaison de ces deux chiffres nous suggère, pour conclure, l’observation suivante : en supposant que la force productive des mines d’or de Californie se soutînt constamment, il faudrait un siècle pour en tirer une somme équivalente à la somme livrée au commerce depuis l’an 1500. Dès-lors il ne nous paraît pas probable que d’ici à bien des années la valeur de l’or puisse baisser d’une manière sensible.

L’expérience du passé vient à l’appui de cette opinion. Lors de la découverte de l’Amérique, la valeur de l’or existant dans l’ancien monde ne montait guère qu’à 800 millions. En très peu d’années, les Espagnols apportèrent en Europe des trésors accumulés depuis plusieurs siècles probablement, et que M. de Humboldt évalue à environ 125 millions en or. Il ne paraît pas que cette importation subit d’une masse d’or aussi considérable ait produit aucune révolution très sensible dans la valeur de ce métal. Il est vrai de dire que l’usage de l’or s’accrut considérablement pendant le XVIe siècle ; la demande pour cette marchandise augmentant dans la même proportion que la production elle conserva son prix.

Nous avons calculé plus haut que la production annuelle de l’or pendant