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Page:Revue des Deux Mondes - 1849 - tome 1.djvu/880

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de Goethe, ait été moins respectueuse envers le génie et le drame Mozart ? Nous voudrions réparer cet oubli, nous voudrions achever le portrait qu’Hoffmann nous a laissé comme une ébauche vigoureuse de Rembrandt, et l’encadrer dans un tableau historique où la vie du musicien servirait de commentaire à son chef-d’œuvre. Des documens nouveaux sur Mozart ont paru depuis quelques années et sont venus jeter quelque lumière sur les circonstances comme sur les dispositions secrètes qui ont inspiré l’auteur de Don Juan ; ils nous aideront peut-être à découvrir la source profonde d’où est sortie le plus beau de tous les opéras, l’une des merveilles de l’esprit humain.

Tout le monde sait que la veuve de Mozart, qui est morte en avait épousé, en 1842, avait épousé, en 1809, un conseiller d’état du roi de Danemark, George-Nicolas de Nissen Après la mort de son second mari, arrivée en 1826, elle publia, en 1828, un gros volume sur la vie et les ouvrages du grand artiste dont elle avait été la compagne. Ce livre, qui renferme toute la correspondance de la famille de Mozart, des articles de journaux, des portraits, des morceaux de musique, etc., est un recueil de documens authentiques confusément entassés par M. de Nissen, sans critique et sans indépendance. Un Russe, M. Alexandre Oulibicheff, amateur très distingué et membre honoraire de la Société philharmonique de Saint-Pétersbourg, a consacré dix ans de sa vie à dépouiller, et à mettre en ordre la compilation de M. de Nissen, d’où il a tiré une Nouvelle Biographie de Mozart, suivie d’une analyse de ses principales oeuvres. L’ouvrage de M. Oulibicheff a paru à Moscou en 1843 ; il est écrit en français avec une certaine vivacité de style qui n’en dissimule pas cependant toujours les incorrections. Il contient des faits intéressans sur la vie de Mozart et d’excellentes observations sur ses œuvres. Le livre de M. Oulibicheff, qui témoigne des connaissances solides et assez étendues que l’auteur possède en musique, est long, souvent diffus, et n’est pas exempt du défaut qu’on reproche à la compilation du conseiller de Nissen Il a paru également à Londres, en 1845, une Vie de Mozart, par Edward Holmes, qui est écrite avec exactitude et clarté ; mais un livre plus curieux, très peu connu en Europe, et dont M. Oulibicheff lui-même a ignoré l’existence, Ce sont les Mémoires de Lorenzo da Ponte, l’ami et le collaborateur de Mozart, le poète élégant qui a fait le libretto de Don Juan et celui des Nozze di Figaro. Les Mémoires de Lorenzo da Ponte ont paru à New-York, où l’auteur s’était retiré, et où il est mort en 1838, âgé de quatre-vingt-neuf ans, délaissé de tout le monde et dans la plus profonde misère ; ils contiennent sur l’existence très aventureuse du poète vénitien et sur le caractère de Mozart une foule d’anecdotes très piquantes.

Tels sont les derniers documens que l’on possède aujourd’hui sur l’auteur de Don Juan. Ce n’est qu’en les comparant qu’on peut saisir