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Page:Revue des Deux Mondes - 1849 - tome 2.djvu/411

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le plus fussent exclusivement attribués à des officiers arrivés à un certain grade, c’est-à-dire éprouvés par une certaine durée de service. Et si cette garantie a été jugée nécessaire pour la sécurité des bâtimens de l’état naviguant en pleine paix, à combien plus forte raison ne doit-elle pas être recherchée en prévision de la guerre ? Quiconque se figurera par la pensée les conditions d’un combat à la mer, le savoir, la bravoure, l’initiative qu’il y faut déployer à peine de compromettre un instrument de guerre dispendieux et dont la conservation importe à la puissance du pays, de compromettre surtout la vie de plusieurs centaines d’hommes dont le salut du navire peut seul assurer le salut ; quiconque aura réfléchi à l’étendue de ces obligations qui n’ont d’égales dans aucune des carrières humaines, comprendra que le personnel des officiers de marine a besoin plus que tout autre d’être formé avec soin et préparé de longue main à la responsabilité de devoirs si difficiles. Le cadre actuel comprend 1,572 officiers ; on rapproche ce cadre de celui qui a existé à d’autres époques, et l’on conclut à des réductions. Eh bien ! en cas de guerre, ce cadre donnerait à peine le nécessaire. Dans les documens officiels présentés à la chambre des députés lors de la discussion de la loi des 93 millions, le ministre de la marine établissait que 2,080 officiers seraient nécessaires pour l’armement de toute la flotte sur le pied de guerre. Dans le plan que nous avons indiqué, la force active réclamerait 1,500 officiers ; la réserve en exigerait en outre 600. Et il faut remarquer que, ni dans le système général d’armement développé à la tribune en 1846, ni dans nos indications, il n’est tenu compte des nécessités du service des ports et aussi du besoin de repos qui ramène, chaque année, dans leurs familles un certain nombre d’officiers épuisés par les fatigues de la navigation.

Nous comprenons le désir d’alléger les charges de l’état ; mais il est, à nos yeux, une économie plus redoutable que la prodigalité même, c’est l’économie qui tue l’avenir pour ménager le présent. La marine de la république et celle de l’empire ont dû leurs revers à l’absence d’états-majors fortement constitués. Gardons-nous de renouveler volontairement des malheurs que la grande révolution a subis plus encore qu’elle ne les a voulus. N’oublions jamais que Napoléon, dans sa toute-puissance, a su refaire les vaisseaux de Louis XVI, mais qu’il n’a pu leur rendre cette ame que la révolution en avait chassée. Il n’a pas eu le temps de produire en nombre suffisant des officiers, surtout des officiers-généraux, expérimentés, instruits, dominant les équipages par l’autorité du savoir et par la confiance au succès que le savoir peut seul donner.

Dans un pays où les questions d’économie sont comptées pour beaucoup, aux États-Unis d’Amérique, on avait également signalé un accroissement excessif du nombre des officiers de vaisseaux. C’est tout près du temps actuel, en 1843. Le congrès nomma une commission pour remédier