Oui, monseigneur.
Vous en êtes bien certain ?
Assurément, monseigneur ; à vous, et même à vous seul.
Vous avez bien entendu ?
Parfaitement, monseigneur, et de mes deux oreilles.
Voyez-vous, maître Bouchard, si vous aviez le malheur de me dire un mot de plus que la vérité, je vous les ferais couper, vos oreilles, pour vous apprendre à mieux écouter.
Ah ! bon Dieu ! monseigneur, que vous ai-je donc fait pour m’attirer de telles paroles ? Vous étiez si calme tout à l’heure, et maintenant…
Maintenant je suis très calme encore, mon cher Bouchard.
Je me doutais bien que c’était là quelque chose d’importance. Il y a des armes, je crois : ne sont-ce pas les armes du roi ?
Oui, c’est le cachet du roi.
Il paraît bien ciselé et d’un précieux travail : je conçois que monseigneur le regarde avec tant d’admiration. (À part.) Il ne m’écoute pas.
Ah ! ceci vaut mieux qu’une lettre. Son bijou favori ! qui jamais ne quitte sa ceinture ! que ses charmantes mains ont caressé tant de fois ! Oui, ses mains !… Quel délire ! Je crois les sentir dans les miennes.
Vive Dieu ! il me semble qu’on vous oublie, monsieur le connétable ! C’est bien, c’est bien !…
À Chambord ! Oui, j’irai, j’irai, quoi qu’on dise, quoi qu’on fasse, quoi qu’il advienne. — Mais, prenons garde, Bouchard me regarde… Et le connétable qui m’attend…
Pardon, monseigneur, voudriez-vous me dire ce que je dois faire ? Remettre cette lettre, c’est convenu ; mais l’autre…