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Page:Revue des Deux Mondes - 1849 - tome 2.djvu/499

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LES ÉTATS D’ORLÉANS.
LE ROI DE NAVARRE, haut.

Mon frère, si la reine le permet, nous allons prendre congé d’elle.

LE PRINCE DE CONDÉ.

Non, non, je suis trop bien ici !

LE ROI DE NAVARRE, bas, prenant son frère par le bras.

Venez, Louis, venez…

LA REINE-MÈRE, à la reine.

Ma fille, entrez avez nous, vous m’aiderez à fêter vos cousins… (Baissant la voix) en moins nombreuse et meilleure compagnie… (Haut.) Venez, messieurs… (Elle aperçoit Chavigny sortant de l’appartement du roi.) Que vois-je ?



Scène XVII.

Les mêmes, CHAVIGNY.
CHAVIGNY, au prince de Condé.

Messire Louis de Bourbon, prince de Condé, vous êtes mon prisonnier.

LA REINE-MÈRE, avec vivacité.

Un moment ! je prends le prince sous ma garde. Retirez-vous, s’il vous plaît.

CHAVIGNY.

Qui donc commande ici, madame ?

LA REINE-MÈRE.

Le roi, je pense, et non pas d’autres.

CHAVIGNY, lui présentant un papier.

Eh bien ! lisez.

LE PRINCE DE CONDÉ, prenant le papier.

Ceci ne regarde que moi… (Faisant geste à la reine-mère de ne point s’avancer.) Permettez, madame… Votre majesté se donne trop de soins. (Au cardinal de Bourbon qui lui saisit les mains en pleurant.) Eh bien ! mon frère, qu’avez-vous ?

LE CARDINAL DE BOURBON.

Ah ! mon cher Louis, c’est moi qui vous ai porté ces menteuses promesses !

LE PRINCE DE CONDÉ.

Ne pleurez pas, mon frère ; il vaut mieux remercier madame (montrant la reine-mère) qui a fait de vous son prévôt des maréchaux pour conduire votre frère à la mort.

LA REINE-MÈRE.

Monsieur de Condé, pouvez-vous !… (Elle porte son mouchoir à ses yeux.)