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Page:Revue des Deux Mondes - 1849 - tome 2.djvu/532

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et à rentrer ensuite dans son office de gouvernement, qui consiste à faire, suivant les lois établies, les affaires quotidiennes et permanentes de la société[1]… »

Dans une autre dépêche, le ministre des affaires étrangères entrait dans plus de détails :

« … M. Rossi était prié de donner son avis personnel et précis sur ce qu’il y a à conserver ou à modifier dans les plans de 1831. Il doit garder soigneusement notre position et porter hautement notre drapeau, ne pas éviter cependant d’agir occasionnellement avec ses collègues du corps diplomatique. Les puissances étrangères, même l’Autriche, sont raisonnables. La nécessité leur déplaît ; elles la reconnaissent le plus tard possible, mais enfin elles l’acceptent. Proclamons les nécessités quand elles se présentent ; soyons-en les interprètes en Europe. C’est notre rôle. Personne n’est plus que M. Rossi en état de le remplir et d’en tirer parti…

« Ne nous faisons pas autres que nous ne sommes, mais ne nous isolons pas. Dans l’action concertée, c’est nous qui prévaudrons…

« En cas de danger matériel et d’appel à un secours étranger, que rien ne se fasse sans nous. Qu’on ne demande rien à personne sans nous le demander à nous, au moins en même temps ; nous ne manquerons pas à nos amis[2].

Le gouvernement français ne s’en tint pas à ces seules assurances. Par son empressement à mettre à la disposition du pape les armes demandées pour la garde civique de Rome, il mettait son honneur à prouver que, de sa part, un prompt et cordial appui ne manquerait jamais aux desseins libéraux du saint-siège. En annonçant un premier envoi de fusils, M. Guizot laissait voir de nouveau quelques inquiétudes au sujet de la marche hésitante du gouvernement pontifical. Il priait M. Rossi de faire tout ce qui dépendrait de lui par ses conversations, par ses conseils, pour aider à la formation d’un parti modéré. Il exprimait l’opinion que M. de Metternich n’interviendrait que s’il y était sollicité. Le cabinet de Vienne fera, ajoutait-il, des préparatifs de défense secrètement ou patiemment, suivant le besoin ou le caprice du moment, mais il ne veut rien compromettre[3].

La nomination du nouveau secrétaire d’état avait été bien accueillie par la population. Esprit droit et ferme, le cardinal Ferretti était plus qu’un autre capable de parer aux dangers de la situation. Il s’y appliquait avec un degré de résolution et de prudence qui déjà relevait les espérances du parti modéré, lorsqu’un nouveau ferment de désordres, inconsidérément ajouté à tant d’autres, vint redoubler tout à coup l’émotion publique, tout compliquer à la fois et tout aigrir. En vertu d’une clause des traités de 1815, l’Autriche avait droit de garnison dans

  1. Dépêche du 21 juillet. M. Guizot à M. Rossi.
  2. Instructions particulières à M. Rossi, juillet 1847.
  3. Lettre particulière de M. Guizot à M. Rossi, 28 juillet 1846.