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Les affaires intérieures du saint-siège n’étaient pas non plus, à ce moment, sans difficulté. Les membres de la consulte d’état venaient d’être convoqués à Rome pour la fin de novembre. Qu’allait-il sortir de cette première réunion de citoyens envoyés par le pays pour s’occuper de ses affaires ? La consulte d’état tenait, par son organisation, le milieu entre une représentation nationale et un conseil de gouvernement. Cette institution dépassait ce qu’on aurait d’abord osé demander, ce qui aurait été reçu avec reconnaissance ; mais à peine les esprits, travaillés par d’autres désirs, excités par des émissaires étrangers, s’en contentaient-ils maintenant. Dans son allocution d’ouverture, le pape prit soin d’établir en termes très nets que les décisions de la consulte ne pouvaient être que des avis donnés au souverain, lesquels avis devaient être soumis aux ministres et aux membres du sacré collége. Il prononça aussi quelques paroles sévères et fit entendre des reproches généraux d’ingratitude adressés, il est vrai, aux habitans de quelques provinces qui avaient cru devoir accompagner leurs députés plutôt qu’aux députés eux-mêmes. Toutefois il en résulta une froideur assez marquée vis-à-vis de Pie IX. Il y eut au retour du cortége très peu de cris sur le passage du saint père. La consulte, assaillie à la fois par les deux partis extrêmes qui voulaient la diriger selon leurs fins, se tira assez bien de cette première épreuve. Son adresse ferme et respectueuse déjoua les espérances des rétrogrades et des exaltés, et donna à penser qu’elle ne se laisserait mener ni par les uns ni par les autres. Le cardinal Antonelli fut nommé président de la consulte : c’était un bon choix. La municipalité romaine fut installée, et le prince Corsini désigné comme sénateur même de Rome. Ces nominations préoccupèrent beaucoup les esprits à Rome. Il y eut comme un moment de répit.

Les premières difficultés commencèrent dans le sein de la consulte à l’occasion de son règlement intérieur, dont la discussion souleva des questions épineuses. Les délibérations seraient-elles secrètes ou publiques ? Les procès-verbaux au moins seraient-ils publiés ? On comprend quel intérêt les partis devaient attacher à ces débats préliminaires. M. Rossi s’inquiétait de plus en plus en voyant le gouvernement inexpérimenté du pape prêt à en venir aux prises avec ce pouvoir terrible et nouveau pour lui d’une assemblée délibérante. Reprenant, sans se lasser, le double travail que nous avons déjà indiqué, il cherchait à agir des deux côtés à la fois ; il conseillait aux uns la patience et la modération, il insistait auprès des autres pour qu’ils se dépêchassent de faire à temps les concessions indispensables ; il tâchait de calmer les susceptibilités des délégués en leur faisant sentir qu’ils ne devaient pas être pointilleux sur les formes et entrer en lutte avec un pape qui avait