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Page:Revue des Deux Mondes - 1849 - tome 2.djvu/652

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REVUE DES DEUX MONDES.
STEWART.

Ce qui m’attriste, c’est de la voir pleurer, cette bonne maîtresse ! N’a-t-elle pas à chaque instant des larmes dans les yeux ?

MISS SEYTON.

Non ; depuis quelques jours, elle est mieux… plus gaie, moins rêveuse… — (Elle prête l’oreille.) Écoutez : n’est-ce pas la sainte messe qui sonne ? Je m’oublie !… La reine attend ses Heures ; elle est déjà dans la chapelle avec le roi. — N’y venez-vous pas, Stewart ?… Ce ne serait pas mal : vous savez ce qu’on dit de vous ?

STEWART.

Le roi m’a commandé de préparer sa toilette de chasse et de faire habiller ses faucons.

MISS SEYTON.

Eh bien ! adieu ; mais faites-moi donc la grâce de vous dérider un peu… À la bonne heure, je vous ai vu sourire. (Elle sort.)



Scène II.

STEWART, seul.

Leur messe ! c’est bien assez d’y perdre mon ame les jours de fête, quand la parade est obligée… Va, mon pauvre Robert, tu fais un triste commerce ! Garrotté dans ta conscience, garrotté sur ton corps… (il regarde ses poignets.) J’en porte encore les marques !… Ah ! maître Bouchard, je la conserve ta corde… pour te la tordre autour du cou. Tu as beau te cacher dans ta prison ; tu as beau rire de ceux qui savent tes iniquités : ils se vengeront, fourbe d’enfer ! On peut t’atteindre en visant plus haut que toi… Allons, voilà que j’étouffe… la rage me monte au cœur… Cette petite fille a raison, ayons l’œil sur nous… (Il prend à la main des vêtemens et des ustensiles de chasse déposés sur un meuble.) Ai-je bien tout mon bagage ?… Le bonnet, la ceinture de buffle, les coutelas, les cornets, en voilà plus qu’il n’en peut porter sur ses chétives épaules… Est-ce étonnant qu’il ait si pauvre mine, on ne le nourrit que de fiel ! La méchanceté le tuerait, si Dieu le laissait en ce monde !… Le beau mari pour une princesse comme celle-là !…

(Il entre dans la chambre du roi. La porte reste entr’ouverte.)



Scène III.

Mme DE MONTPENSIER, entrant par la porte de gauche ; STEWART, encore dans la chambre du roi.


Mme DE MONTPENSIER.

Personne ?… pas une de ces dames ?… (Elle aperçoit Stewart qui rentre,