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REVUE DES DEUX MONDES.
LA REINE.

Oh ! c’est bien mal assurément !…

LE DUC DE GUISE.

Comment, bien mal ! c’est le plus grand des crimes ! N’eût-il commis que celui-là, n’eût-il pas mis le royaume en feu, le plus dur châtiment serait trop doux pour lui. — Voyons, Marie, ne pleurez pas. Encore un coup, ce n’est qu’enfantillage. Il faut être faible d’esprit et amoureux comme ce cher François pour croire à de tels contes bleus ; mais, si ridicules qu’ils soient, ses soupçons le désespèrent ; tout à l’heure il vous eût fait peine. Il faut que cela finisse, il le faut aujourd’hui même.

LA REINE.

Je le voudrais, mon oncle ; mais le moyen ?…

LE DUC DE GUISE.

Pendant cette chasse, faites naître l’occasion de dire bien haut que le roi doit se faire respecter, qu’il est temps d’en finir, que toutes ces lenteurs de justice ne sont que trahisons mal couvertes.

LA REINE.

Quoi ! le roi de Navarre sera là, et vous voulez…

LE DUC DE GUISE.

N’est-ce pas assez qu’on l’épargne ? Faut-il encore se gêner devant lui ? Parlez, ma nièce, parlez ! Ce soir, sans plus tarder, il faut prendre un grand parti. Le roi est résolu ; mais, au dernier moment, il se peut qu’il hésite. Je veux que vous ayez l’honneur de l’avoir décidé…

LA REINE.

Moi ! mon oncle… Que dites-vous !…

LE DUC DE GUISE.

C’est le moyen de le guérir, de lui rendre toute sa confiance en vous… Eh bien ! cela vous fait peur ?…

LA REINE, apercevant la reine-mère qui vient d’entrer.

Mon oncle !… mon oncle, prenez garde… Voici la reine.

LE DUC DE GUISE.

Vous voyez bien, Marie, que cette femme ne vous quitte plus.

LA REINE

Bon Dieu ! qu’allais-je dire ! ma raison s’égarait !



Scène XII.

Les mêmes, LA REINE-MÈRE, miss SEYTON.
LA REINE-MÈRE.

Je viens trop tard, ma fille, vous êtes attendue.