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REVUE DES DEUX MONDES.

Chacun venait raconter que le roi n’en pouvait revenir. (Élevant un peu la voix.) Et, de fait, Paré se désole, il n’ose vous faire savoir la vérité, madame ; mais elle est bien triste… La voix s’affaiblit, la respiration s’arrête : tout annonce une prochaine fin.

LA REINE-MÈRE.

Vous entendez, messieurs !

LE DUC DE GUISE.

Hélas ! oui… Venez, mon frère.

LA REINE-MÈRE.

Je vous suis… Ce pauvre enfant ! je veux lui donner mon dernier baiser !… Allez, messieurs, allez.

LE CARDINAL DE LORRAINE

Nous déposons entre vos mains l’hommage que votre majesté a daigné recevoir.

LA REINE-MÈRE.

C’est bien, messieurs, allez… je ne me ferai pas attendre.

(Le duc de Guise et le cardinal sortent.)



Scène VIII.

LA REINE-MÈRE, Mme DE MONTPENSIER.


LA REINE-MÈRE.

Va-t-il venir, au moins ?

Mme DE MONTPENSIER.

Oui, madame, il me suit.

LA REINE-MÈRE.

Alors rien n’est perdu. Il verra, je l’espère, sortir MM. de Guise… Duchesse, obligez-moi de vous placer entre ces deux portes. Vous l’entendrez venir, et, quand il passera, vous lui direz ces deux mots à l’oreille : « Gardez-vous de refuser, sinon votre frère est mort. » Eh bien ! n’avez-vous pas peur ? Ce n’est pas difficile à dire. Allez donc, ma chère Jacqueline.

Mme DE MONTPENSIER.

J’y vais, madame.

LA REINE-MÈRE.

C’est pour son bien, vous le savez.

Mme DE MONTPENSIER, ouvrant la porte et la tirant après elle sans la fermer complètement.

Me voici en sentinelle.

LA REINE-MÈRE.

Être prise de si court ! Ce malheureux Paré qui devait m’avertir et