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Pour la médecine et les farces, il n’y a pas son égal ;
Ses farces sont de la médecine, et sa médecine est de la farce.


Hill fit fortune ; il avait pris voiture, avait sa loge aux théâtres, et se vantait des faveurs des femmes de qualité. Il était un type, non-seulement du charlatanisme littéraire, mais aussi du charlatanisme scientifique. Les escamoteurs et les marchands de drogues eurent à cette époque un moment de vogue dont il est resté des traditions assez divertissantes. La satire et la caricature se jetèrent principalement sur les inventeurs, de poudres et de pilules. Un journal ridiculisait ainsi une des médecines les plus répandues, les pilules du docteur Rock : « Ceci, disait le docteur dans son prospectus, est ma célèbre pilule sympathique des familles. Qu’un père ou une mère de famille en prenne une en se couchant et une autre en se levant, et non-seulement ils se purgeront eux-mêmes, mais en même temps ils purgeront toute la famille, hommes, femmes, enfans, etc. » Vient ensuite l’énumération des autres avantages de cette fameuse pilule ; par exemple : « Quand une belle dame veut aller au bal ou à la redoute, que fait son affreux mari ? il avale quelques pilules sans rien dire, et alors la pauvre créature ne peut pas mettre le nez dehors. » Il y a aussi les « pilules purgatives intentionnelles, » à l’aide desquelles il suffit de se dire : « En prenant ces pilules, mon intention est qu’elles purgent ma femme autant que moi, mon petit garçon la moitié, ma petite fille le quart ; cette coquine de Françoise qui mange tous mes fruits, dix fois autant que moi ; ce drôle de Tom qui est toujours au cabaret, vingt fois, et pendant cinq jours consécutifs. »

Mais la plus célèbre farce de l’époque, et qui est restée proverbiale, c’est le tour à la bouteille. Un journal du 16 janvier 1749 contenait une annonce ainsi conçue : « Au théâtre de Haymarket, ce soir, on verra un personnage qui exécute les choses surnaturelles que voici : d’abord il prend à un des spectateurs une canne ordinaire, sur laquelle il se met à jouer de tous les instrumens connus. Ensuite il se présente avec une bouteille de dimension ordinaire, que chacun des spectateurs est libre d’examiner ; il place la bouteille sur une table au milieu de la scène, et alors, sans aucune hésitation, il entre dans la bouteille sous les yeux de tous les spectateurs, et se met à chanter dedans. Pendant son séjour dans la bouteille, chacun peut se la passer de main en main et s’assurer qu’elle n’est pas plus grande qu’une bouteille ordinaire. — Les personnes qui viendront sur la scène ou dans les loges pourront venir masquées, si bon leur semble, et le magicien leur dira, si elles le désirent, qui elles sont. »

L’affiche ajoutait que le tour avait été exécuté en présence de la plupart des têtes couronnées de l’Europe, de l’Asie et de l’Afrique. Cette