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Page:Revue des Deux Mondes - 1849 - tome 2.djvu/730

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hostilités, tous deux pouvaient conserver un léger agrandissement de territoire ; mais, lancés une seconde fois dans l’arène des batailles, tous deux succombèrent dans la nouvelle lutte après un combat de deux jours, dont le premier semblait leur présager la victoire. Bien que cette lutte ait été courte et malheureuse pour le Piémont, il paraîtra certainement intéressant aux militaires de connaître quelles furent les dispositions prises par le général de l’armée piémontaise, et comment, malgré ses efforts, il fut vaincu ; je chercherai donc à exposer d’une façon précise ses opérations et les divers incidens qui le forcèrent à les modifier, afin que l’opinion des juges compétens puisse se former en connaissance de cause. Les impressions, les souvenirs d’un témoin, d’un acteur même de la dernière guerre du Piémont, voilà, je dois le dire avant tout, quels seront les élémens de ce récit.


Pour précipiter l’ouverture des hostilités, la consulte et l’émigration lombardes remplissaient Turin de l’annonce d’une insurrection générale de la Lombardie qui devait éclater dès que l’armée franchirait le Tessin. Malgré ces assurances, ceux qui avaient fait la dernière campagne comptaient faiblement sur ces promesses. Brescia et Bergame étaient les seules villes dont le patriotisme inspirât une confiance réelle. Rien cependant n’autorisait à douter complètement des assurances de l’émigration lombarde : si une victoire venait couronner dès le début les efforts des Piémontais, il semblait naturel que les populations de la Lombardie se soulevassent. La menace d’une insurrection générale devait d’ailleurs exercer une puissante influence sur les plans du maréchal Radetzky. Il était à supposer que le maréchal entreprendrait de défendre la Lombardie. Pour cela, il avait deux choses à faire : ou se tenir prêt à recevoir la bataille, ou franchir lui-même le Tessin et porter la guerre en Piémont.

Dans la première hypothèse, l’armée autrichienne n’avait guère qu’une seule position à choisir, en arrière du Naviglio, qui, coulant parallèlement au Tessin à très petite distance de ce fleuve, est commandé par une série de fortes positions naturelles, d’où on domine les assaillans, et d’où il est facile de s’élancer à son tour pour profiter de ses avantages et poursuivre la victoire. La route de Novara à Milan traverse en quelque sorte le centre de cette ligne de bataille, passant sur le Tessin au pont de Buffalora, et rencontrant, après une forte montée, l’établissement de la douane milanaise, puis le gros bourg de Magenta. Dans la seconde hypothèse, plusieurs débouchés s’offraient aux Autrichiens : l’un par Oleggio, ce qui supposait toujours des forces considérables à Magenta ; l’autre par la rive droite du Pô sur Alexandrie, le troisième par Pavie sur Mortara, le quatrième par le pont de Buffalora sur Novara. Il était peu probable que les Autrichiens choisiraient