Page:Revue des Deux Mondes - 1849 - tome 3.djvu/11

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LES

Côtes  de  Roussillon.


Séparateur


Sans un port, ce pays-ci sera toujours dépeuplé et misérable ; avec un port, il se rétablira facilement par le débit de ses vins, qui sont excellens sur mer, par celui de se blés, de ses huiles et d’une grande quantité d’excellent fer, en quoi il abonde.
(Vauban, Perpignan, le 2 mai 1679.)


La chaîne centrale des Pyrénées plonge, par la saillie aiguë du cap Creus, ses pieds de granit dans la Méditerranée. À 100 kilomètres, à l’ouest, s’en détache un contre-fort qui enveloppe les bassins du Tech, de la Tet et de l’Agly : courant d’abord vers le nord, il se replie bientôt vers l’est, forme la chaîne calcaire des Corbières et se termine brusquement à l’étang de Leucate, vaste lagune établie sur l’ancien domaine de la mer. Le rocher isolé de Leucate se projette en avant et se rattache au soulèvement des Corbières par une étroite langue de terrain tertiaire, s’élevant comme un isthme entre de basses et récentes alluvions. Le Roussillon tout entier est compris dans le bassin délimité par les crêtes de ces montagnes, et la côte en est encadrée entre le granit du cap Creus et le calcaire de Leucate.

La région maritime des Pyrénees-Orientales est celle qui correspond aux dentelures des flancs déchirés du cap Creus. Une mer profonde y brise ses flots au pied de rochers sourcilleux, et les abris se multiplient entre les anfractuosités du rivage. Les quatre cinquièmes du développement du cap appartiennent à l’Espagne, et comprennent les ports solitaires de Lanza, de Selva, de Cadaquez et de Roses, bien vastes pour