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se révèle : il importe que la chambre prussienne ne s’engage pas dans des travaux d’où sortiraient des conflits sérieux avec le parlement national de Francfort. Ne fermons donc pas la tribune de Berlin ; fixons seulement la limite de son droit. » Trois opinions principales se formèrent sur la proposition Raveaux. L’extrême gauche en repoussait la première partie ; elle voulait fermer toutes les assemblées délibérantes, et que le parlement de Francfort, investi seul de la souveraineté absolue, dictât la loi à l’Allemagne. D’autres, au contraire (c’était le centre gauche), voyaient un abus de pouvoir dans la demande de M. Raveaux ; ils désiraient que la chambre prussienne fût complètement libre de faire la constitution particulière de ce pays, à la condition toutefois de revenir plus tard, s’il le fallait, sur ses votes et de se mettre d’accord avec les décisions du parlement national. Les derniers enfin auraient souhaité l’ajournement de cette discussion. Pourquoi aller au-devant du péril ? Ne serait-il pas temps de résoudre le problème lorsqu’on fixerait dans la constitution de Francfort les devoirs des citoyens allemands à l’égard des constitutions particulières ? Les membres de la droite, en s’exprimant ainsi, ne songeaient qu’à gagner du temps. Ils comptaient bien que les événemens relèveraient peu à peu l’influence de chaque pays et diminueraient l’autorité dictatoriale du parlement. Ces trois opinions furent représentées et dans les conférences secrètes des députés prussiens, qui se réunirent à l’hôtel de Hollande pour délibérer sur la question, et à la tribune du parlement, où la lutte dura plus d’une semaine. Des amendemens sans nombre furent proposés ; l’extrême gauche, la gauche, les centres, la droite ; toutes ces fractions du parlement, manifestées désormais par cette discussion même, imaginèrent chacune leur théorie. La commission nommée à ce sujet adopta le système du centre gauche ; elle proposa de voter que les constitutions particulières devraient être révisées par les chambres et mises d’accord avec la constitution nationale. C’était reconnaître la souveraineté du parlement en même temps qu’on évitait de proclamer trop haut ce principe. Le rapporteur, M. Rœmer (de Stuttgard), défendit habilement cette opinion, qui fut soutenue aussi par MM. Heckscher, Welcker et de Beckerath. M. Schaffrath l’attaqua comme réactionnaire, M. Eisenmann comme trop avancée. Enfin, M. le comte d’Arnim et M. le baron de Vincke, organes de la droite, demandèrent énergiquement l’ordre du jour, c’est-à-dire l’ajournement de la difficulté. Après bien des débats, et quand une nuée d’orateurs eut passé à la tribune, un député du centre gauche, M. Wernher, formula une nouvelle proposition destinée à concilier les partis. La majorité qui l’adopta fut, en effet, considérable. M. Schaffrath et l’extrême gauche d’un côté, de l’autre M. Rœmer et les députés du centre abandonnèrent leurs propositions pour se rallier à celle de M. Wernher. Cette rédaction