Page:Revue des Deux Mondes - 1849 - tome 3.djvu/162

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Schleswig aux autres parties du royaume. Quelle serait la position du Holstein dans cet arrangement ? Le Schleswig serait-il enlevé aux espérances du teutonisme ? Toutes ces questions agitaient les esprits, quand notre révolution de février amena celle du 17 mars à Berlin ; humilié par les vainqueurs des barricades et cherchant un appui dans l’ardeur envahissante de l’ambition germanique, Frédéric-Guillaume s’était proclamé le roi allemand ; l’espoir de la prochaine conquête des duchés se réveilla plus fortement que jamais. Alors, par un contrecoup facile à prévoir, une effervescence extraordinaire se manifesta dans toutes les parties allemandes du Danemark. Une insurrection éclata, et un gouvernement provisoire de cinq membres s’établit à Kiel, capitale du duché de Holstein ; le teutonisme triomphait. Les insurgés furent soutenus aussitôt par la Prusse ; le 6 avril, sans aucune déclaration de guerre, l’armée prussienne, soutenue par des Hanovriens et des Mecklembourgeois, franchit les frontières du Holstein. La guerre était engagée ; le Danemark l’accepta résolûment. À une agression injuste, à une odieuse violation du droit des gens ; il opposa non-seulement la justice de sa cause, mais la loyauté et le courage de la plus digne résistance. La Suède, la Russie, l’Angleterre, la France même, malgré sa fâcheuse indifférence pendant les premiers mois de la république, comprirent enfin la nécessité d’intervenir par les moyens diplomatiques. De là des négociations, des armistices, qui donnèrent lieu, dans le sein du parlement de Francfort, aux plus fougueux emportemens des passions allemandes.

La première discussion sur les affaires de Schleswig eut lieu à l’église Saint-Paul dans la séance du 9 juin. Un armistice proposé le 18 mai par le cabinet britannique avait été rejeté par la Prusse ; la Prusse cependant protestait de ses bonnes dispositions, et, tout en continuant d’occuper le Schleswig et le Holstein, elle retirait ses troupes du Jutland. Cette évacuation du Jutland mit les esprits en émoi à l’élise Saint-Paul ; des interpellations furent adressées au ministère de l’empire ; et, après des discours de MM. Dahlmann et Waitz, l’assemblée vota un ordre du jour qui recommandait au pouvoir central « les plus énergiques mesures pour sauver le droit et l’honneur de l’Allemagne dans l’affaire du Schleswig-Holstein. » M. Waitz aurait même voulu que les conditions de la paix, si la paix devait être signée, fussent soumises au parlement ; un sage discours de M. Heckscher fit rejeter cette proposition. Un mois après, des bruits alarmans pour les convoitises germaniques se répandent à Francfort ; on parle d’un armistice signé à Malmoe, lequel imposerait à l’Allemagne d’humiliantes conditions, bien loin de donner satisfaction à ses espérances. Il y avait eu, en effet, un armistice signé, le 2 juillet, à Malmoe entre le Danemark et la Prusse, sous la médiation de la Suède, avec l’appui de