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devoir écarter à jamais les conflits qui s’élèvent, dans les gouvernemens représentatifs, entre les assemblées et le pouvoir exécutif. On se souvient d’un amendement présenté l’année dernière à notre assemblée nationale sur le projet de constitution. C’était un système très simple pour l’organisation du pouvoir exécutif. L’assemblée devait nommer au scrutin le président du conseil et les ministres. Quand elle n’aurait plus été contente de leurs œuvres, un simple scrutin aurait suffi pour renverser le gouvernement et en mettre un autre à la place. Jamais, et l’auteur du projet le remarquait, on n’aurait fait de révolution plus complète à si bon marché. Ce système est à peu de chose près celui de la constitution transylvaine. La diète élit, sinon les ministres eux-mêmes, au moins les candidats au ministère. Il en est de même à tous les degrés de la hiérarchie administrative.

Chaque nation, dans la diète, présente, pour toutes les charges et emplois qui viennent à vaquer, quatre candidats, dont chacun appartient à une des quatre religions d’état. C’est parmi ces douze candidats que le gouvernement doit faire son choix. Or, on sait comment de pareilles candidatures s’établissent dans une assemblée politique. La première condition requise n’est pas tant le talent, l’habileté, l’expérience, qu’une parfaite conformité d’opinions politiques avec la majorité. Quand l’opposition est en nombre dans la diète transylvaine, elle nomme uniquement des candidats pris dans les rangs de l’opposition. Force est au gouvernement impérial de choisir ses agens, ses fonctionnaires, ceux qui sont censés le représenter, parmi les hommes qui l’attaquent le plus violemment. Il n’a le choix qu’entre le pire et le moins mauvais. Mieux vaudrait, à coup sûr, que l’élection directe des états laissât toute la responsabilité à qui de droit ; l’autorité souveraine ne se compromettrait pas en confiant les emplois publics à des hommes qui sont souvent les premiers à donner l’exemple de la désobéissance aux lois. Le gouvernement est désarmé sur tous les points ; aucun de ces fonctionnaires violemment imposés ne peut être destitué sans une information préalable et sans qu’on lui ait donné communication des accusations portées contre lui. Ainsi le pouvoir exécutif a la main forcée pour la nomination et la main liée pour la révocation de ses agens ; comment serait-il responsable de leurs actes ?

Les rapports entre la régence et l’empereur s’établissent par l’intermédiaire d’une chancellerie, dite de Transylvanie, résidant à Vienne, et séparée non-seulement de l’administration des provinces héréditaires, mais même de la chancellerie de Hongrie. Elle est composée d’un chancelier et de six conseillers ; le souverain n’a pas plus de liberté dans le choix de ces fonctionnaires, qui sont en rapport direct avec lui, que pour ceux qui résident en Transylvanie ; il doit les prendre également parmi les candidats de la diète.

Les principales attributions de la diète, outre l’élection et la présentation