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UNE


CAMPAGNE D’HIVER


SOUVENIRS DE LA VIE MILITAIRE EN AFRIQUE.


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Durant dix années d’hésitations et de cruelles expériences, nous avions cherché à dominer l’Algérie avec de lourdes colonnes et de gros canons. Aussi nos succès restaient-ils sans résultat : nous battions l’ennemi, mais nous ne l’avions pas dompté, lorsque M. le maréchal Bugeaud mit en pratique ce système mobile et hardi qui enlaçant dans un réseau de fer le pays tout entier, amena la soumission et la paix générale. Cette dernière période de la guerre est peut-être la moins connue et pourtant la plus curieuse. Rarement la patience et l’énergie de nos soldats furent mises à une plus rude épreuve. Il n’y eut plus de saisons : pluie ou soleil, neige ou vent du sud, rien n’arrêta nos colonnes. La terre devint le lit de chaque jour, le bivouac le seul asile du repos, et l’on compta les heures que l’on passait aux casernes.

La pénible campagne de 1845 à 1846 semble le couronnement de cette longue série d’efforts et de marches incessantes. La révolte s’étendit alors sur l’Algérie entière : il fallut toute l’activité de M. le maréchal Bugeaud et l’héroïque bravoure de nos troupes pour la comprimer ; mais enfin nous sortîmes victorieux de la lutte. Quelques souvenirs de la campagne si habilement conduite et si heureusement terminée donneront peut-être une idée de ces rudes combats, de ces