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LE LENDEMAIN DE LA VICTOIRE

LE COMTE s’assied

C’est vous, monsieur Rheto. Vous entriez jadis ici plus poliment. Croyez cependant que je ne regrette point de vous avoir fermé ma porte.

RHETO.

Je vous en conjure, monsieur, fuyez.

LE COMTE.

Monsieur Rheto, je ne fuirai point.

RHETO.

Vous allez périr.

LE COMTE.

Eh bien ! monsieur Rheto, protégez-moi.

RHETO.

Mes hommes se sont enivrés ; on les a irrités contre vous ; je n’en suis plus maître.

LE COMTE.

Ah ! vous commandez cette bande. Je vous fais mon compliment. Vous n’étiez qu’un sot extrêmement ridicule, vous allez devenir un assassin.

RHETO.

Monsieur !

LE COMTE.

Eh bien ! monsieur ?

RHETO.

Encore une fois, fuyez.

LE COMTE.

Fuir devant vous, monsieur Rheto ? Je vous ai toujours dit que vous ne pouviez comprendre ce que c’est qu’un gentilhomme. Vous m’assassinerez, s’il vous plaît.

RHETO.

Sur mon honneur, j’ai fait tout au monde et je ferai tout encore pour vous sauver ; mais aidez-moi.

LE COMTE.

Non. Cela vous regarde.

RHETO.

Cachez-vous au moins dans cet appartement.

LE COMTE.

Je ne me cacherai pas. Je verrai en face vos amis.

RHETO.

Insensé, que votre sang retombe sur vous !

LE COMTE.

Vous perdez le respect, monsieur Rheto.

RHETO.

Madame, unissez-vous à moi. N’y a-t-il pas dans l’appartement quelque cachette, quelque passage secret ?

LA COMTESSE.

Monsieur, si c’est vous qui avez amené ici ces hommes, je vous pardonne et je prie Dieu de vous pardonner. M. de Lavaur ne fuira point.