Que voulez-vous, mon pauvre Fritz ? je serai insultée.
Je n’ose lui dire de quelles insultes il est capable. (Haut.) Vous n’avez point l’air d’une socialiste. Il est homme à vous faire mettre en prison.
Dieu alors prendra soin de mes orphelines, et moi je servirai les prisonniers. Allez, Fritz, je suis résolue à tenter l’aventure.
Qui est cette femme ?
Une pauvre maîtresse d’école qui demande la protection du général.
Je ne veux pas que le général la voie. Elle a toute la mine d’une intrigante. Dis-lui de s’en aller.
Mais, citoyenne…
Qu’elle s’en aille ! Si je la retrouve ici, tu auras affaire à moi. (Elle traverse le salon, et entre chez Galuchet.)
Madame, cette femme que vous venez de voir passer est la première actrice du grand théâtre. Elle a ici tout pouvoir, et elle m’ordonne de vous chasser. Croyez-moi, c’est un service qu’elle vous rend.
Je vous comprends, Fritz, merci. Que Dieu prenne pitié de mes pauvres orphelines ! (Elle sort.)
Vous aviez raison, le domestique la renvoie sur l’ordre que Libéria lui a donné. C’est une tigresse, cette Libéria !
Galuchet n’est pas malheureux ! une si belle personne et un si beau talent ! Quand on pense que Galuchet, il y a quatre mois, vendait des contre-marques à la porte du grand théâtre ! Je l’ai vu, moi qui vous parle, abaisser le marchepied de la voiture où Libéria montait avec le ministre des finances.
Vous faites erreur, c’était le ministre de la justice.
C’était le ministre de la justice du 10 août ; mais, dans le cabinet du 7 octobre qui a suivi, c’était le ministre des finances. Ensuite, ç’a été Galuchet.
Voilà de ces choses qu’on ne voit qu’en révolution… Ce qui m’étonne, c’est que Libéria n’ait pas essayé d’empaumer le consul ou le Vengeur.