Fi donc ! les murailles de la capitale du socialisme vont tout à l’heure se déplacer d’elles-mêmes, et par leur masse mettre l’ennemi en fuite. (Coup de canon.)
En attendant, voici son canon.
C’est le nôtre. Ne lis-tu pas les bulletins ? Tous les coups de l’ennemi ratent. Aucun ne porte. (Une bombe tombe dans la rue.) Tu vois bien ! Si tu m’en crois, nous irons causer ailleurs. (On entend une cavalcade.)
Qu’est-ce qui vient là ?
Fuyons ! c’est le Vengeur. Nous avons moins à craindre des boulets de l’ennemi que de ce fou furieux et des bandits qui l’accompagnent. (Ils sortent.)
XV.
Je suis vaincu. L’humanité m’échappe et retourne au joug du Christ. Ce qu’elle a souffert ne m’a pas donné la joie que j’en attendais. (Il regarde autour de lui.) Elle se souviendra de moi pourtant. Voici le grand bazar, le centre de l’activité, des richesses, des plaisirs. Voici ces rues traversées jadis de tant d’équipages, illuminées de tant de feux, décorées de tant de merveilles. Je les ai parcourues alors, inconnu, méprisé, chargé de misère, dévoré d’envie. L’herbe y pousse aujourd’hui sous les pieds de mon cheval, et ce qu’elles conservent d’habitans se cache dans les ruines quand je passe ! Qui m’aurait dit que je verrais cela, et que mes vœux ne seraient pas remplis, et que mon cœur ne serait pas content, et que ma fureur, déchaînée au milieu de ce sang et de ces ruines, rugirait de son impuissance ?… (Entre Galuchet, à cheval, suivi de Chenu et de quelques autres.) Qu’y a-t-il ?
La brèche est ouverte ; l’assaut sera donné dans une heure ; la troupe hésite, et le peuple murmure. Il faut capituler.
Il faut mourir et que l’ennemi ne trouve ici que des cadavres et des ruines.
Il faut capituler.
Il faut capituler ! il faut se rendre !
À bas le dictateur !
Traîtres et lâches ! (Il tire son épée.)
Tiens, voilà ton affaire ! (Il le frappe.)