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L’ALPE VIERGE.




À LA JUNGFRAU




I.

Un esprit gardien de toute pureté
Habite les glaciers et la neige éternelle.
L’air qu’on respire autour de ce faîte argenté
Rajeunit l’ame et jette une lumière en elle.

Ô vierge ! cette nuit dans son fluide azur
Semble exprès pour mes yeux dissiper tous tes voiles ;
J’adore en sa blancheur ton front chargé d’étoiles.
En toi, jusqu’à ton nom, tout est splendide et pur !

Le ciel seul boit ton souffle à ta lèvre sacrée ;
Ton sein veiné d’azur, rougissant au réveil,
Laisse à Dieu seul cueillir, sur sa neige empourprée,
Les roses d’Orient qu’y sème le soleil.

Toi seule entre les monts as préservé ta face
De l’affront qu’aux sommets imprime un pied humain.
Partout survient la fange où se forme un chemin :
Tu dois de rester pure à tes remparts de glace.

Par eux tes flancs sacrés conservent leur candeur.
Le soir, lorsqu’à tes pieds tout le pays est sombre,