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simplement aux légitimistes ce qu’ils pourront dans deux ans, ou, ce qui revient au même, ce qu’ils peuvent aujourd’hui. Pour que le principe légitimiste pût présider à la reconstitution actuelle du pouvoir, il faudrait l’une de ces trois choses : ou que les deux autres partis monarchiques, se ralliant spontanément à lui, concourussent à une manifestation du suffrage universel en sa faveur, ou que le parti légitimiste s’emparât du pouvoir par un coup de main et une armée, ou que, surprise par un accident imprévu, la France, cédant à une de ces nécessités qui courbent tous les dissentimens et toutes les volontés, se jetât éperdue dans ses bras. Une manifestation régulière du suffrage universel amenée par l’accord des parties, la guerre civile, un accident, voilà les trois chances de succès qui se puissent ouvrir au principe légitimiste. Au nom du bon sens et de la moralité du parti légitimiste, il faut écarter les deux dernières. Triompher par la guerre civile, ce parti ne le peut ni ne le veut. Sans doute, dans la tourmente révolutionnaire, les accidens sont possibles ; mais, si des esprits prudens et des aunes honnêtes peuvent prévoir des accidens, leur premier devoir est de travailler de toutes leurs forces à les prévenir, car ces accidens seraient de nouveaux malheurs pour la société et pour la France ; il n’y a que le parti du mal qui puisse spéculer sur les catastrophes. Il n’y a donc qu’une chance régulière et honnête, c’est l’accord des partis et la consécration du vœu national. Or, ceci est une question de fait. Non, en ce moment les légitimistes n’ont pas conquis les deux autres partis monarchiques à leur principe ; non, ils ne peuvent pas provoquer immédiatement et directement en leur faveur une manifestation du suffrage universel ; non, aux élections de 1852, ils ne peuvent pas conduire sous leur drapeau, au point décisif du champ de bataille, la muasse des défenseurs de la société et de l’ordre.

Ce que j’ai dit des légitimistes est également vrai pour les orléanistes Je suppose qu’il n’est point nécessaire que j’atteste de nouveau unes sympathies pour ce parti constitutionnel et libéral qui a essayé de concilier en France le pouvoir et la liberté, pour le parti aux destinées duquel la maison d’Orléans a uni ses destinées. En dépit des vicissitudes révolutionnaires, les liens qui attachent le parti constitutionnel à la maison d’Orléans sont inaltérables. Dans la perspective des accidens que l’avenir peut produire, la mission la plus active et la plus utile est réservée aux princes de la maison d’Orléans. Ces princes ont un double caractère ; ils peuvent être appelés à exercer une double influence. Ils forme la branche la plus nombreuse, la plus jeune, la plus vivante de la maison de Bourbon : ils sont à ce titre l’avenir de la légitimité, ils se sont mêlés à toutes les idées, à tous les intérêts, à toutes les fortunes de la France nouvelle ; à ce titre, ils demeurent des médiateurs possibles entre les idées modernes, les intérêts nouveaux et la