Page:Revue des Deux Mondes - 1850 - tome 5.djvu/1152

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

De tels faits expliquent suffisamment l’allusion transparente et directe que, dans un discours récent, faisait, le roi de Danemark à une grande puissance protectrice de ses sujets révoltés. Si le roi de Danemark s’est permis cette légitime et digne représaille, ce n’est pas, on le pense bien, qu’il veuille ajourner la paix. Le royaume a trop d’intérêt à une prompte solution pour que le cabinet danois ne travaille pas de tout son pouvoir à la poursuivre. Dès les premiers jours qui ont suivi la conclusion de l’armistice, il a nommé ses plénipotentiaires, qui se sont sur-le-champ rendus à Berlin. La Prusse, au contraire, a usé de tous ses subterfuges pour éloigner les explications sérieuses. Les six mois d’armistice sont expirés, et les négociateurs danois n’ont pu obtenir une conférence ; ils attendent encore aujourd’hui une première réponse à leurs premières ouvertures.

Dans la position bizarre et difficile qui lui est ainsi faite le comité administratif a cru devoir, communiquer aux trois cabinets, d’Angleterre, de Prusse et de Danemark une note formelle sur le non-accomplissement des conditions de l’armistice, sur les menées des partisans de l’insurrection et sur l’impuissance de l’autorité légale à se faire obéir, par suite du mauvais vouloir des troupes prussiennes ; mais cette note elle-même est restée sans résultat. Comment le Danemark sortira-t-il de cette situation qui, par momens, semble sans issue ? Nous espérons encore que l’amitié de l’Angleterre, de la France et de la Russie, finira par le tirer de ces embarras sans cesse renaissans ; mais n’est-il pas étrange que la solution d’une question en réalité si claire et si simple se fasse si long-temps attendre ? Et que doit-on penser de la Prusse, qui, l’ayant suscitée, ne craint pas, pour l’envenimer, de faire alliance avec le radicalisme révolutionnaire ?




BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.


La Commune, l’église et l’état dans leurs rapports avec les classes laborieuses, par M. Ferdianand Béchard, membre de l’assemblée nationale[1]. — L’auteur de ce petit volume n’avait d’abord d’autre pensée que d’apporter son tribut à l’œuvre commune de la commission législative d’assistance publique ; une fois la plume à la main, il a cru nécessaire de préciser les principes fondamentaux qui doivent, suivant lui, présider à l’organisation des classes ouvrières : C’est ce qui fait, qu’à côté des questions particulières qu’il s’était proposé de traiter, nous trouvons dans son ouvrage comme un projet nouveau de constitution politique. Ce projet, dans son ensemble, peut être ainsi formulé à l’unité gigantesque de l’état, qui entraîne dans sa sphère les départemens et les communes également asservis, qui a absorbé les anciens corps, qui menace d’envahir la familles et la propriété même, en épuisant par l’impôt les fortunes patrimoniales, substituer un vaste système d’associations qui, de la commune à l’état, embrasse successivement tous les droits et tous les intérêts ; l’agriculture et l’industrie, le commerce et les professions libérales, l’élection des magistrats et la gestion des affaires. Il y a là de la hardiesse assurément, mais de la hardiesse qui se souvient plus que de celle qui innove.

  1. -Giraud, rue Guénégaud, 24.