Combien avons-nous déjà eu de républiques depuis le 24 février ? Nous avons eu d’abord la république du 24 février, nous avons eu ensuite celle du 4 mai, et nous avons trouvé fort bon que la république du 4 mai, c’est-à-dire celle de l’assemblée constituante, remplaçât celle du gouvernement provisoire ; mais la république du 4 mai est déjà elle-même bien arriérée, et M. Ségur d’Aguesseau se donne trop de peine, selon nous, pour en raviver le souvenir. La république du 4 mai a été excellente relativement à celle du 24 février ; c’est là toute sa gloire, et cela ne suffit pas pour vivre dans l’histoire ou dans le temps présent. Dans le temps présent, en effet, elle a déjà été remplacée par la république du 10 décembre, qui fut, nous ne pouvons pas en disconvenir, un grand échec à la république du 24 février et même à celle du 4 mai. Nous serions tentés de croire que la république du 10 décembre a elle-même été remplacée par celle du 31 octobre. Jusqu’ici, cependant, le 31 octobre a eu les allures d’un plan de gouvernement plutôt qu’il n’a été un gouvernement nouveau.
Ces diverses républiques n’ont pas seulement leur date dans l’histoire de nos deux dernières années, elles ont aussi, pour ainsi dire, leur place dans le pays. Nous nous croyons un pays très uniforme, très centralisé, et nous le sommes assurément. Cependant la diversité commence à s’introduire dans le pays ; est-ce un bien ? est-ce un mal ? Je n’en sais rien. Quoi qu’il en soit, il y a des communes en France qui en sont encore à la république du 24 février, et je les plains ; il y en a qui en sont à la république du 4 mai ; d’autres peut-être en sont déjà à la république de l’avenir, à celle dont nous ne savons encore ni la date ni la nature. Les désordres qui résultent ou qui peuvent résulter de