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des roches primitives qui forment l’arête centrale de ces montagnes releva les terrains crétacés dont nous parlions tout à l’heure. Des deux côtés de la chaîne on retrouve leurs couches inclinées parallèlement à cet axe, et ce sont elles qui constituent toutes les falaises du pays basque.

Si les phénomènes géologiques accomplis autour de la baie de Biscaye s’étaient arrêtés à cette époque, leur explication n’offrirait que des difficultés légères ; mais il n’en fut pas ainsi. Relevés et refoulés au midi par l’apparition des Pyrénées, retenus au nord par les formations anciennes auxquelles ils s’appuyaient, les terrains crétacés avaient fléchi dans le milieu et creusé une vaste dépression aussitôt envahie par les flots. Les Pyrénées se trouvèrent ainsi séparées de la France par un large bras de mer qui s’étendait à l’ouest depuis Biarritz jusqu’à la Gironde, et à l’est, depuis Carcassonne jusqu’à l’embouchure du Rhône. Des terrains tertiaires se déposèrent successivement dans ce bassin, et c’est à eux que plusieurs géologues d’un grand mérite, guidés principalement par l’étude des fossiles, ont rattaché les environs de Biarritz depuis la Chambre d’amour jusqu’au moulin de Sopite. D’après cette manière de voir, les Pyrénées n’auraient été soulevées que postérieurement à la formation de ces terrains, et seraient par conséquent moins âgées qu’on ne l’avait cru d’abord[1].

Une circonstance particulière est venue compliquer la question et en rendre la solution plus difficile. Bien long-temps après l’apparition des Pyrénées, après le dépôt des terrains tertiaires, un nouveau cataclysme est venu ébranler toute la contrée, changer l’inclinaison primitive des couches et parfois modifier leurs rapports. Les ophites, espèce de roche porphyrique, ont fait éruption à travers toutes les formations précédentes et créé, sur plusieurs points, des centres de soulèvement partiels. Déjà M. Dufrenoy avait signalé ce fait remarquable et figuré entr’autres une des masses ophitiques entourées de gypse qui ont agi sur les falaises entre Biarritz et Bidar[2]. Je ne manquai pas de visiter cette localité curieuse, mais près de vingt ans s’étaient écoulés depuis

  1. Parmi les géologues qui soutiennent cette opinion, nous devons mentionner surtout M. d’Archiac, qui a publié entre autres, sur les fossiles de Biarritz, un mémoire très important (Mémoires de la Société géologique de France, 1846), et M. Alcide d’Orbigny, un des savans qui soutiennent avec le plus de persévérance le principe de la caractérisation des terrains par les fossiles.
  2. Mémoires pour servir à une description géologique de la France, par MM. Dufrenoy et Élie de Beaumont. Tome II, pl. 7.