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LA BAVOLETTE.

DERNIÈRE PARTIE.[1]


V.

En reprenant ses esprits, Claudine, que nous avons laissée évanouie entre les bras des estafiers, se trouva sur un grand lit orné de rideaux d’une étoffe riche, mais râpée, dans une chambre basse, où le luxe et la malpropreté se disputaient visiblement la place. Des fauteuils de velours montraient en maints endroits leurs entrailles de crin. Sur une console en bois de rose était une caisse contenant un arbuste mort depuis long-temps, et dont-les fils d’araignée unissaient ensemble les rameaux gris de poussière. Des ustensiles ébréchés reposaient sur une vieille toilette que surmontait une glace de Venise étoilée et fendue. Sur un guéridon bancal étaient un plat de viande, un pain et des assiettes, la plupart écornées. À côté du lit se tenait assise une grosse femme, dont le nez rouge, les traits durs et le front balafré semblaient en harmonie avec le mobilier. Elle attendait paisiblement qu’il plût à la malade de revenir à la vie. L’aspect de ce visage brutal produisit une impression si pénible sur la pauvre bavolet te, qu’elle referma les yeux pour se plonger encore dans les ténèbres et l’insensibilité. Cependant ses souvenirs lui rappelant une scène de violence, elle se souleva sur un coude et demanda où elle était.

  1. Voyez la livraison du 1er février.