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Nous ne cachons pas qu’un de nos motifs pour souhaiter que le gouvernement actuel fasse une enquête sérieuse sur les répétitions que l’état a droit d’exercer contre le domaine privé, c’est la persuasion où nous sommes qu’il y aura je ne sais combien de faits de ce genre qui seront mis en lumière par l’enquête. Il a plu à la Providence que la liquidation de la liste civile du roi le plus accusé d’avarice et de cupidité ait été faite, par les ennemis même ou tout au moins par les adversaires de ce roi, que tous les papiers soient tombés entre leurs mains, qu’ils aient pu tout publier et tout dévoiler. Eh bien ! qu’est-il résulté de leurs investigations ? Quel fait a pu être publié qui ne fût à l’honneur du roi Louis-Philippe et de sa famille ? On le sait maintenant, ce n’est pas la fortune de la France qui a servi à la fortune de la famille d’Orléans ; c’est bien plutôt la fortune de la famille d’Orléans qui a servi à l’embellissement de la France. Nous n’avons pu relire sans émotion les paroles par lesquelles M. de Montalivet, le 3 août 1847, finissait la défense qu’il faisait de l’administration de la liste civile : « Permettez-moi, en faisant un retour sur ces accusations et sur tant d’autres, de dire un dernier mot à la chambre. Devant la pensée nationale qui a restauré Versailles, devant la pensée monarchique, populaire et filiale qui a restauré le château de Henri IV à Pau, devant la pensée artistique et royale qui a restauré si noblement et si fidèlement ce musée de palais qu’on appelle Fontainebleau, devant cette pensée touchante qui a élevé une chapelle à la mémoire d’un aïeul sur les rivages de l’Afrique ; à la mémoire d’un fils à Neuilly et à la mémoire : de toute une famille royale à Dreux, devant cette pensée d’amélioration qui se porte incessamment sur toutes les parties du domaine de la couronne et sur les forêts en particulier, devant tous ces résultats, je me résigne à comprendre la froideur et l’impassibilité, car en définitive je ne fais que me soumettre au fait de cette fatale indifférence qui travaille et mine la société tout entière mais qu’en face de tous ces magnifiques résultats, qu’en face des charges énormes qu’ils ont imposées à la liste civile aussi bien qu’au domaine privé, on vienne prononcer le mot de bénéfices, oh ! alors, messieurs, le mot devient odieux, et je suis obligé de dire à notre honorable collègue que le prononcer de nouveau, ce serait mêler une ironie amère à la plus révoltante des injustices. »

La chute de la calomnie est, pour les amis de la famille d’Orléans, une des consolations de la chute du trône. C’est pour cela que sur les coupes sombres nous désirons une enquête, et que, pour commissaires de l’enquête, nous désirons aussi qu’on prenne quelques-uns même des accusateurs, ceux de la veille et ceux du lendemain.

Un titre de la loi sur l’enseignement est déjà voté, celui qui établit le conseil de l’instruction publique, et qui en détermine l’organisation et les attributions. Il n’y a eu sur l’organisation de ce conseil qu’une seule controverse importante, c’est celle qu’a soulevée M. l’abbé de Cazalès. Pendant que quelques personnes s’effraient de voir entrer les évêques dans le conseil de l’instruction publique et qu’ils craignent l’influence de l’esprit clérical, M. de Cazalès s’effraie de l’immixtion du clergé dans les affaires du gouvernement. Les uns veulent que l’église ne quitte pas la Thébaïde ; afin que l’église soit toujours faible, les autres veulent que l’église ne quitte pas la Thébaïde, afin qu’elle soit toujours forte. De ces deux craintes ; quelle est la vraie ? où est le danger ? Quant