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LA VIE MILITAIRE


EN AFRIQUE.




ZOUAVES ET SPAHIS.




Si jamais vous devez visiter l’Afrique, si jamais vous avez à traverser la vallée du Haut-Riou, ne vous mettez pas en route pendant le mois de novembre, le père des tempêtes ; vous resteriez enseveli dans les fortes terres de la vallée que des torrens de pluie ont changées en boues épaisses. Pour nous qui voyagions d’après une consigne, il ne nous était pas permis de compter avec la pluie, la neige ou la fatigue, et, en 1843, une soirée de ce fatal mois de novembre nous trouvait réunis sous une tente de toile, nous réchauffant de notre mieux autour d’un trou, creusé en terre qui renfermait un maigre brasier. Les larges gouttes de la pluie rendaient, en frappant la toile, un son sec comme le son d’un coup de baguette : bruit monotone, plein de tristesse, qui dure des heures, des journées entières. Devant nous, nos pauvres chevaux tournaient au vent leurs croupes frileuses, et c’était partout dans le bivouac un grand silence, interrompu seulement de temps à autre par les appels énergiques du maréchal-des-logis, de semaine ou de l’officier de service maugréant après les gardes d’écurie, lorsqu’un cheval, pour se dérober au froid ; avait rompu ses entraves et se mettait à courir à travers le bivouac.

Malgré le vent et la pluie, quelques officiers de zouaves, bravant